Faut-il éviter les survivalistes ?

Voila une question qui pourrait paraître étrange sur un blog ayant pour thème la survie ! Mais il est vrai aussi que le milieu du survivalisme n'est pas exempt de tout reproche.

Aujourd'hui, de plus en plus de personnes s'engagent et rejoignent nos rangs, sans doute poussées par l'amplification des bruits de bottes, ainsi qu'une certaine prise de conscience. Grâce au Net, les réseaux se développent et les gens communiquent.

Cependant, il existe dans le lot certains types de survivalistes qui, hormis le fait de nous faire perdre du temps, pourraient bien mettre notre vie en danger....



Voici donc un florilège de gens qu'à mon sens tout survivaliste prudent ferait mieux d'éviter :

Le fanfaron

Il est toujours bon de disposer dans ses préparatifs d’un stock de nourriture, d’un système de production en autosuffisance, d’un autre pour la collecte des eaux de pluie et d’une source d’énergie hors réseau. Il n'est pas mauvais non plus d'expliquer à ses voisins les raisons pour lesquelles tout cela est important dans notre monde actuel, au cas où nos conseils leur donneraient l'idée de se préparer aussi. Mais ce qu'il ne faut PAS faire, c’est se vanter du travail de préparation que l'on a accompli.

Même si le bon sens imposerait de garder le silence à propos des stocks que l'on a accumulé dans l'éventualité d'un désastre, certains survivalistes ne peuvent s'empêcher de parler. Ils ressentent le besoin de révéler au premier venu tout le détail de leur préparation, dont ils sont particulièrement fiers. A partir de là, il n'est pas difficile d'imaginer à quelle porte les gens non préparés viendront frapper en cas de chaos ! Si vous faites partie du groupe d'un fanfaron, vous pouvez d'ores et déjà vous attendre un jour ou l'autre à recevoir de la visite...

Le théoricien du complot

Il est bon aussi de se tenir au courant de l'actualité pour pouvoir agir dès les premiers signes d'un désastre. Ce qui l'est moins, c’est d'éplucher les nouvelles et de voir des complots partout.

Même s'il existe des raisons légitimes de s'inquiéter - ainsi que de toute évidence un complot global contre l'humanité - cela ne signifie pas qu'il faille en devenir obsédé. Parce que ce faisant, on perd simplement du temps et de l'énergie à tenter d'y voir clair parmi toutes les manœuvres et dissimulations de nos maîtres, auxquelles nous seuls ne pouvons rien changer, de toute façon. Sans compter le risque de succomber aux "fake news", dont le milieu de la dissidence est loin d'être exempt.

Dans ce domaine, la palme revient à ces "youtubeurs" férus de catastrophisme qui annoncent la 3° GM chaque mois pour le suivant, ou qui passent des heures entières à disserter sur la dernière couverture de L’Économiste en prétendant qu'elle est la clé. Après coup, ces gens-là vous diront qu'ils se sont trompés et que c'est tant mieux. Certes... Sauf qu'ils auront propagé la peur et déstabilisé les esprits les plus fragiles, pour les amener peut-être à faire des choses à l'encontre de leurs intérêts. Et sans même réaliser que ce faisant, ils auront servi les desseins de ceux qu'ils prétendaient dénoncer.

Personnellement, je préfère éviter ce type de complotistes et réserver mon temps et mon énergie à mes travaux de préparation.

Le borné

Un survivaliste borné est quelqu'un qui est tellement convaincu qu'une catastrophe particulière va se produire qu'il passe tout son temps à se préparer en vue de cette unique éventualité. C'est la vision tunnel appliquée au risque. Bien sûr, certaines catastrophes sont davantage susceptibles d'arriver, ne serait-ce qu'en raison de l'endroit où l'on vit, et nous avons chacun des scénarios qui nous inquiètent plus que d'autres. Cependant, le fait de nous concentrer sur un type en particulier ne va pas nous aider pour autant dans nos préparatifs.

J'ai remarqué que les tenants de la vision tunnel négligent souvent les bases mêmes de la survie. Comme, par exemple, se préparer en profondeur à une panne de réseau tout en oubliant de protéger sa maison des cambrioleurs.

Il n'est pas nécessaire d’éviter complètement ce genre de survivalistes à la vue courte. Souvent, ils sont tellement concentrés sur un type de désastre qu’ils y ont réfléchi dans les moindres détails. Dans ce sens, les informations qu'ils auront collectées peuvent nous être précieuses.

Cependant, ces spécialistes peuvent souvent nous faire perdre du temps, car ils ne veulent pas parler d'autre chose que de leur scénario.

Le passionné d'armes à feu

La législation sur les armes est un sujet très populaire dans les milieux de la défense et de la survie. Le but ici n'est pas de rentrer dans ce débat. Cependant, je tiens à vous mettre en garde contre les passionnés d'armes à feu. C'est le genre de survivalistes qui sont tellement obsédés par leurs joujoux qu’ils ne parviennent pas à planifier correctement une catastrophe ou s'y préparer.

Ils pensent que les armes constituent la réponse adéquate à tous les problèmes. Lorsque leur plan montre une faiblesse, leur solution consiste simplement à stocker davantage d'armes ou de munitions.

Oui, les armes à feu sont certainement des outils indispensables pour la survie, et peuvent nous aider de nombreuses façons. Mais un pistolet ne sera pas très utile pour construire un abri, trouver de l’eau propre, ou guérir une infection bactérienne.

Restez loin de ce genre d'obsédés. Dans une situation de chaos, ce seront probablement les premiers à faire des choses stupides, comme tirer sur tout le monde, blesser votre famille, ou révéler votre position.

Le petit chef

Il y a une grande différence entre un chef et un "petit chef".

Le chef est un leader-né qui va amener les gens à faire des choses que le "petit chef" voudra obtenir par le biais du pouvoir, de la contrainte, de la peur, ou des punitions. Le premier va susciter la performance et la réalisation de ses objectifs en gagnant la confiance et le respect de ceux dont il est à la tête, et en leur inculquant des objectifs communs.

Même si le petit chef connaît les techniques de survie et dispose d’un bon plan en cas de catastrophe, il ne sera pas capable de faire réagir son équipe de la manière adéquate. Personne n'aime être contrôlé ni mené à la baguette. La dynamique du groupe va rapidement en souffrir et la survie de tous va être mise en péril.

Nous devons amener les gens à travailler ensemble dans les situations de chaos ; le mieux pour cela est d'éviter les petits chefs !

Le bigot

Ne vous méprenez surtout pas sur le sens que j'attribue à ce mot. Il est évident que tout le monde a le droit de croire, et je pense aussi que la religion apportera un grand réconfort en cas de catastrophe. En ce sens, le fait d'avoir la foi est un atout précieux. Ce qui ne l'est pas, par contre, c’est d'être obsédé par la religion au point de chercher dans les textes sacrés les dates de la fin du monde, ou de vouloir absolument y trouver le déroulement des événements actuels.

C'est la grande spécialité des évangélistes d'outre-Atlantique, qui se plantent régulièrement.

Même s’il s’avérait que cette date est inscrite quelque part (après tout, pourquoi pas ?), il vaut toujours mieux éviter les survivalistes de type bigot. Ils sont tellement obsédés par leur propre idée à propos de la fin du monde qu’ils sont souvent incapables de voir la réalité qui est devant leurs yeux.

Cela me rappelle une blague à propos de cette femme coincée pendant une inondation :

La pauvre est chez elle tandis que l'orage devient de plus en plus fort. Elle a prié Dieu de la sauver. Un voisin arrive et lui propose de la prendre dans sa camionnette. Mais elle refuse en disant : "J'attends que Dieu me sauve !"

L'eau a commencé à monter et la femme a grimpé sur le toit. Des secouristes passent en canot de sauvetage et l'exhortent à les rejoindre. Elle refuse à nouveau : "J'attends que Dieu me sauve !". Et les secouristes repartent sur leur embarcation.

A présent, le niveau de l'eau est encore plus haut. Un hélicoptère passe et repère la femme sur le toit. L'équipage lui envoie une échelle. Mais une fois encore, la femme refuse : "J'attends que Dieu me sauve !"

L'eau monta sur le toit, et emporta avec elle la femme qui se noya.

Arrivée au ciel, elle demanda : "Mon Dieu, pourquoi ne m'as-tu pas sauvé ?"
- "Je t'ai envoyée une camionnette, un bateau et un hélicoptère ! répond Dieu. Que pouvais-je faire de plus !"

En d’autres termes, ne vous laissez pas obséder par votre propre interprétation des textes, ou par ceux qui prétendent les déchiffrer, au point de négliger ce que Dieu fait pour vous et place devant vos yeux.

Le diseur de bonne aventure

Voici le dernier type de survivalistes que l'on devrait éviter à tout prix : ceux qui pensent savoir exactement ce qui se passera lors du chaos. Ce sont eux qui disent comme si de rien n'était : "En cas d'Impulsion Électromagnétique, tout le réseau va s'effondrer. Dans les trois jours qui suivent, la moitié de la population sera dans les rues pour piller et tuer. Un mois après, les gens se seront réorganisés en groupes, etc."

Il est toujours possible de prédire avec assez de précision certaines conséquences d'une catastrophe - par exemple, les supermarchés vont manquer de nourriture et les pillages débuter. Nous le savons grâce aux événements qui se sont produits récemment lors de catastrophes naturelles telles que des tempêtes, tremblements de terre, ouragans et autres.

Cependant, personne ne peut prédire exactement ce qui se passera dans un scénario d'effondrement. Lors de la guerre de Bosnie, le siège de Sarajevo a duré 44 mois. Les habitants, au lieu de se monter les uns contre les autres et de se battre pour se voler leurs ressources, se sont unis et entraidés. Bien entendu, les criminels et les ordures en tout genre n'ont pas attendu pour commettre leurs exactions, et certaines histoires sont terribles à lire, mais les gens "normaux" se sont mutuellement portés assistance. Ceci dit, il n'est pas évident que la même chose arrive en France - sauf peut-être dans les campagnes et les petits villages - en raison de la diversité des ethnies et des cultures que l'on entasse dans les grandes villes et que l'on force à vivre ensemble.

Il est toujours bon d’écouter les théories à propos de ce qui pourrait se passer lors d’un scénario catastrophe, et c'est aussi un moyen de se préparer aux diverses éventualités. Mais il est préférable d'éviter les diseurs de bonne aventure. Ils sont tellement têtus à propos de la suite à venir qu’ils ne pourront pas nous aider à diversifier nos préparatifs.

En les autres...

• Le fumiste - il/elle a tout fait et tout vu ;
• Le militant de la SPA - ne peut ni chasser ni pêcher ;
• Le vegan - beaucoup trop excité pour survivre à un chaos ;
• Le paranoïaque - le survivaliste trop préparé qui donne l'impression d'attendre le chaos depuis trop longtemps ;
• Le contractor - généralement reconnaissable à sa barbe fournie ou ses lunettes noires ; vêtu en mode tactique de la tête aux pieds, portant couteaux et fusils. Il ressemble à un membre des forces spéciales, ce qu’il n'a jamais été, et agit comme si. Vous apprendrez vite qu’il est non seulement parano, mais qu’en plus, c'est un vrai branque ;
• Le contractor-trappeur - à mi-chemin entre l'aspirant aux opérations spéciales et le montagnard. Complètement à côté de la plaque ;
• L'extrémiste - dans toutes ses variantes, que ce soit des armes à feu, de Dieu, de la mode tactique, etc. Restez calme et rationnel !
• Le geek - il se vante de ses compétences aux jeux vidéo. Son argument préféré : "C’est un simulateur, ça me prépare pour le chaos !" Oui, bien sûr...
• Le yogi survivaliste - n'a jamais pensé que quelque chose pouvait arriver, mais réalise à présent que nous n'étions pas si fous que ça. Malheureusement pour lui, il a juste un jour d'avance de biscuits Lu. On peut donc le laisser assis en tailleur là où il est sans trop de regrets.

N'hésitez pas à ajouter vos spécimens à cette liste. On trouve toute sorte de rigolos sur terre, et je suis sûr que vous aussi n'avez pas manqué d'en croiser.

Le drame de ces gens est qu'il me paraît malheureusement impossible d'éviter d'en récolter un ou plusieurs exemplaires dans un groupe de survie. D'où l'importance d'avoir un noyau de gens sûrs, les autres membres pouvant être certains de ces clowns. Un véritable chef sait tenir les faibles et les idiots à l'écart...