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3 mars 2014

Un Plan OPSEC pour le survivaliste (Partie 3/4)

La Sécurité Opérationnelle est une méthode pour se prémunir des risques que peut courir une structure si des informations sensibles sont acquises par des adversaires à cette structure. Elle fut formalisée par l'armée américaine au Vietnam.

Appliquée à la survie, L'OPSECpermet la mise en place d'une stratégie extrêmement fiable pour la protection de sa famille et de ses moyens de subsistance.

Quelles en sont les étapes ? C'est ce que nous allons déterminer à travers une série d'articles, dont voici la TROISIÈME PARTIE.



La troisième étape d'un plan OPSEC, après celle qui consiste à identifier les choses que l'on possède (partie 1), et celles que l'on a besoin de protéger (partie 2), est de répondre à la question suivante :


Etape 3 : Contre qui doit-je protéger ce que je possède ?


Il s'agit d'une étape très importante dans l'apprentissage de la façon d'être un bon survivaliste doté d'une bonne Sécurité Opérationnelle. Si vous ne savez pas de qui vous devez vous protéger, vous n'aurez jamais une idée complète de la façon dont vous pouvez le faire. Vous devez tenir compte de tous les adversaires potentiellement dangereux, leurs capacités, motivations et intentions.

Votre stratégie si vous possédez de nombreuses choses de valeur et que votre vie dépend de leur possession, variera considérablement suivant que vous vivez sur une île ou en plein cœur d'une cité HLM. Votre plan d'action, ainsi que les capacités de vos adversaires, seraient très différents.

Vous allez devoir naviguer entre plusieurs scénarios, et réfléchir sérieusement. Cela aidera si vous savez exactement ce que vous avez l'intention de faire. Des situations différentes entraîneront des menaces différentes, venant de personnes différentes. Chacune de ces situations peut aussi présenter des menaces variées au fur et à mesure de sa détérioration, ce que nous appelons un continuum de menace (en référence au terme "continuum de violence" utilisé en psychologie).

Prenons l'exemple d'un scénario de chaos temporaire où votre ville a été inondée. Dans un premier temps, les menaces qui pèsent sur ​​votre sécurité et votre bien-être vont concerner à peu près uniquement l'eau et ses conséquences telles que l'explosion de conduites de gaz ou les risques d'épidémies. Puis, très rapidement, d'autres vont apparaître...

- Le premier niveau concerne les menaces ordinaires. A ce stade, certaines personnes vont se montrer plus serviables qu'elles ne le sont habituellement. Bien que leur attitude ne constitue pas a priori de menace immédiate, elle pourrait changer plus tard. Si vous dites à quelqu'un que vous possédez une réserve de nourriture, cela peut ne pas être un problème sur le moment. Mais si la situation ne s'améliore pas dans les semaines qui suivent, cette personne va se mettre en quête de ce que vous possédez.

Les périls humains, dès les premiers stades d'une catastrophe comme celle que nous avons évoquée, viendront principalement de gens qui représentent des menaces potentielles ordinaires. Ils cibleront les opportunités, sachant qu'il s'en trouve un grand nombre dans une situation de chaos. Au fur et à mesure que les menaces naturelles évoluent, davantage d'opportunités se présenteront, et les gens vont commencer à changer leurs priorités. Ces dernières vont se diriger vers le bas de la hiérarchie définie par Maslow, vers les besoins les plus élémentaires. Plus une situation de survie dure, plus le danger émanant d'autrui est présent.




- Le second niveau concerne les menaces amicales. C'est à dire, fondamentalement, les Bisounours fidèles au journal de 20 heures qui vivent leur rêve et ne sont pas préparés du tout. Très vite, ils vont arpenter le bitume à la recherche d'eau, dans un premier temps, puis de nourriture (voire d'énergie) peu de temps après. Ils verront les lumières allumées chez vous, et vont s'inviter. Votre famille, vos amis et vos voisins vont être les pires et les premiers à frapper à la porte. Vous pourrez les toiser de votre fenêtre en buvant votre bière et les traiter de : "Bande de cons, je vous l'avais bien dit !" ; en attendant, le problème va se poser et des choix cruciaux vont devoir être fait...

C'est l'une des raisons pour lesquelles la Sécurité Opérationnelle est si importante dans vos préparatifs. Il ne sert à rien de stocker des vivres pour trois mois pour une famille de quatre personnes, si une semaine après six de plus viennent s'inviter à la table sans rien apporter. Ces personnes peuvent ne pas être des menaces aujourd'hui, mais en leur livrant des informations essentielles, vous leur donnez par la même occasion du pouvoir pour plus tard. Votre OPSEC devrait commencer le jour où vous décidez d'être un survivaliste.

- Le troisième niveau est celui des gangs et des voleurs. Les gens vont se rassembler en bandes pour se protéger. C'est un aspect maintes fois évoqué à travers ce blog, et il me parait inutile d'insister. Une petite minorité de groupes vont se réunir pour prendre ce que possèdent les autres groupes. Et nous pouvons compter sur ceux issus de la diversité pour le faire de la manière la plus douce que vous imaginez.

Au fur et à mesure que la situation se détériore, leurs effectifs vont croître. Vous-même allez probablement devoir travailler avec d'autres personnes en vue de rejoindre ou créer un groupe. Ces gens auxquels vous vous associez pourraient se retourner contre vous plus tard. Soyez très prudent au sujet de qui vous laisser entrer dans votre cercle intime. Les amis ou la famille peuvent constituer les pires ennemis.




Etape 4 : Quelles sont les informations qu'un adversaire voudrait connaître ?


Vous devez apprendre à être un survivaliste qui pense comme le méchant de service. Certains éléments d'information critique à protéger pourrait être la simple idée que vous possédez quelque chose ! Parfois, les voleurs choisiront leurs cibles au hasard en espérant tomber sur quelque chose d'utile, mais cette méthodologie comporte des risques. S'ils sont à peu près sûr que vous n'avez rien, ils passeront sans doute à coté sans vous ennuyer. Mais le simple fait de savoir que vous possédez quelque chose est en soi une information critique.

Certains éléments d'information, qui représentent une protection contre la possibilité d'arriver à ce que vous avez, doivent aussi être assimilés à des informations critiques. Prenons le cas où vous avez stocké des munition dans un coffre-fort. Les voleurs peuvent savoir que vous avez munitions entreposées, mais s'ils ne connaissent pas la combinaison du coffre, ils ne seront probablement pas en mesure de les dérober, ou cela pourrait leur nécessiter beaucoup d'efforts. Donc, pour poursuivre cet exemple, quels sont les éléments d'information critique dont nous disposons, et quoi d'autre un ennemi voudrait-il savoir ? Voici quelques idées :

Qu'est-ce que vous avez qu'il veut ? - Un pistolet et des munitions
Comment est-il protégé ? - Il est dans un coffre-fort
Quelle est la combinaison ? - 45689532
Où est le coffre ? - Derrière une trappe cachée dans le garage, sous une pile de Playboys
Qui connaît la combinaison du coffre ? - Ma femme, mon fils ainé, et le voisin
Comment pouvaient-ils trouver la combinaison ? - Elle est notée sur un papier collé derrière le coffre au cas où je l'oublie.
A quel moment n'est-il pas surveillé ? - Tous les mercredi quand nous sortons nous promener.

Chacune de ces informations, telles qu'elles sont perçues par l'ennemi, sont appelées des indicateurs OPSEC. Vous auriez de quoi réfléchir pendant un moment avec ces seules données, c'est pourquoi il est si important de décomposer en indicateurs tout ce qu'il est besoin de protéger, et ce qui ne l'est pas. Gardez à l'esprit que la Sécurité Opérationnelle ne traite pas de la façon de protéger une chose, mais de celle de protéger les informations qui portent sur la sécurité de cette chose.

Un exemple d'indicateur OPSEC pourrait être la boîte du pistolet qui se trouve maintenant dans le coffre-fort, que vous avez mise à la poubelle. C'est là que l'adage "Connais ton ennemi" entre en scène. Vous allez maintenant regarder à travers les "yeux du Dragon", c'est-à-dire essayer de déterminer ce qu'il voudrait savoir, ou ce qu'il lui faudrait connaître, et le mettre en parallèle avec l'information qui  leur est théoriquement accessible.

C'est là que vous devez penser comme le loup. Ce lot d'informations que vous mettez ensemble est votre premier groupe d'informations critiques. On leur donne le qualificatif de critique car il est essentiel que vous les protégiez. Votre liste d'informations critiques évoluera naturellement au fur et à mesure que vous avancerez dans le processus.

A suivre...

9 commentaires:

  1. Merci Pierre, content de voir le blog à nouveau en ligne .
    bon courage pour la suite et merci encore pour le travail fourni.

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  2. "Taisez-vous! Méfiez-vous! des oreilles ennemis vous écoutent!" disait la célèbre affiche du temps de l'occupation vert-de-gris, celle où l'on s'éclairait à la bougie, pas celle d'aujourd'hui plus bariolée et subventionnée. C'est pas pour ça que je viens mettre un grain de sel. Juste pour dire à Pierre Templar que le site est resté inaccessible plusieurs jours : "autorisation refusée"... bizarre! comme c'est bizarre! et ce matin, bingo porte ouverte! Yahooo. Alors keskissépassé? :-(
    -Chibani-

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  3. de retour je croyais que tu etais devenu priver!

    quoi que pas une mauvaise idee...

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  4. Je n'ai hélas pas le temps de lire l'article,
    Cependant je poste quand même ce mémo ...

    You are back my friend, happy to see you back !

    Je le lirai plus tard.

    Amicalement votre,

    Thi

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  5. "content de voir le blog à nouveau en ligne"
    Nous aussi ;-)

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  6. Content d'avoir de nouveau accès au site.
    Merci pour toutes les infos et la reflexion qui vient avec.
    64240

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  7. "Les bisounours qui regardent tout les jours le 20h"
    Pourquoi tant de haine envers les téléspectateurs du JT, ce n'est pourtant pas antagoniste au survivaliste : connaître l'information... Et ne prouve pas non plus leur crédulité naïve enfantine : la preuve par l'auteur de ce commentaire.

    Merci Pierre pour tout ce travail passionnant qu'est ce blog.

    Ed

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    1. désolé vous confondez information et propaganda staffel,seule la météo n'est pas truquée et encore avec "le c'est bon pour la planète "seriné à longueur de journée

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