9 juin 2014

Demain, la milice... (1/2)

(Par Werner88, rédacteur de Survivre au Chaos)

Cet article se compose de trois parties : la première a pour but d’énoncer quelques considérations générales qui me semblent indispensables à la compréhension du sujet ;

La seconde, intitulée « Milice & Survivalisme », se veut davantage pratique et représente une alternative à la survie telle qu’on la conçoit habituellement dans notre milieu ;

Et la dernière expliquera, dans les grandes lignes, comment créer et entraîner une milice ici et maintenant...



Partie 1 : Considérations générales



Définitions & Historique


Le terme « milice » recouvre bien des significations différentes selon les époques et les lieux.

Étymologiquement, le terme latin « militia » veut dire, entre autres choses, « service militaire », « expédition, mission, campagne militaire », ainsi que « armée, troupe, manipule ». En français contemporain, on retient les trois définitions suivantes :
  1. Force supplétive de l’armée
  2. Corps de police parallèle
  3. Groupement d’individus civils défendant, au besoin par la force, des intérêts privés

Les milices patronales qui sévissaient autrefois afin de briser les grèves relèvent de la troisième catégorie, de même que les milices religieuses qui cherchent actuellement à instaurer des Etats islamiques au Moyen-Orient et ailleurs. Dans les pays de l’ex bloc soviétique, la Milice est l’équivalent de notre Police ; Et à mi-chemin entre le corps de police parallèle et la force supplétive de l’armée on classera la Milice française qui existait sous l’Occupation.

Mais ce qui nous concerne particulièrement en tant que survivalistes, c’est le concept de milice citoyenne, et pour cela nous nous intéresserons aux Etats-Unis ; Ce qui nous amènera très logiquement à aborder quelques sujets d’ordre historique mais également politique.




Les milices citoyennes sont issues des milices seigneuriales et royales d’antan, qui étaient typiquement des forces supplétives de l’armée. Lorsqu’un fief ou une ville menaçait de se faire attaquer par un ennemi quelconque, une troupe de civils était levée à la hâte afin de venir renforcer les effectifs militaires réguliers. Les paysans formaient le gros des troupes, et le système fonctionnait sur le principe de la conscription et/ou de la réserve. L’enrôlement était obligatoire pour tous les hommes en âge et en capacité de se battre, à moins de disposer d’un passe-droit (être d’ascendance noble, pouvoir offrir une contribution financière en remplacement de son service, ou bien dans certains cas être en mesure de se faire remplacer par une autre personne).

L’Angleterre, plus encore que la France, développa dès le Moyen Age ce concept de milice, et la tendance s’est accentuée à mesure que l’Empire britannique s’en trouva développé. Rappelons au  besoin que ce qui allait devenir plus tard les Etats Unis d’Amérique s’appelait initialement « Nouvelle-Angleterre ». Les colons européens ayant régulièrement maille à partir avec les autochtones amérindiens, le recours aux milices s’effectua tout naturellement (la première milice du Nouveau Monde fut créée en Virginie en 1632) et leur organisation se calqua sur celle de l’armée (grades, régiments/bataillons/compagnies, districts etc…).

Lors de la Guerre d’Indépendance (1775 à 1782) qui opposa les treize colonies à leur métropole, les milices participèrent au conflit en soutenant les deux camps, mais seulement un quart des miliciens se rangèrent du côté des Loyalistes ; L’Histoire ne retiendra que ceux ayant combattu en faveur de l’Indépendance et qui se nommaient entre eux « Patriotes » (*).




Durant la Guerre de Sécession (1861 à 1865), les Etats de la Confédération autant que ceux de l’Union firent appel massivement aux milices afin de soutenir les opérations militaires sur les champs de bataille. Qu’ils aient été Sudistes ou Nordistes,  les miliciens étaient de pauvres hères très peu formés et mal équipés, et ils se firent massacrer en grand nombre du fait de leur utilisation sans considération par les états-majors.


Légitimité & Organisation


Les “Militia Acts”, et tout particulièrement ceux rédigés en 1792 par le Congrès, donnèrent un cadre légal et constitutionnel aux milices. Retenons que celles-ci doivent leur existence et leur développement à la volonté - pré et post révolution - des plus hautes instances politiques du pays (la Déclaration des Droits de 1791 énonce en son article 4 : «A well regulated Militia, being necessary to the security of a free state, the right of the people to keep and bear arms shall not be infringed) , et que dans les textes d’époque (en désuétude mais non abrogés à ce jour), il est explicitement fait obligation à chaque citoyen susceptible d’être enrôlé dans la Milice de posséder son propre armement et de répondre présent à deux sessions d’entraînement annuelles.

Sachant par ailleurs que le Second Amendement de la Constitution confère aux individus le droit inaliénable de posséder et de porter des armes, on comprend alors pourquoi les miliciens d’aujourd’hui sont extrêmement attachés à la défense de leurs droits fondamentaux et à la protection de la Constitution telle qu’elle a été pensée par les Pères Fondateurs.

Au cours de l’histoire des USA, le concept de « milice » a été l’objet de plusieurs redéfinitions et désormais il convient de distinguer :

  • La Milice organisée : Elle représente une milice d’Etat et est constituée de la Milice Navale et de la Garde Nationale de l’Etat (laquelle est à distinguer de la Garde Nationale des Etats Unis, qui représente, elle, une réserve militaire fédérale)
  • La Milice de réserve : Définie par le Militia Act de 1903, elle est constituée de tous les hommes âgés de 17 à 45 ans et qui n’appartiennent pas à la Milice « organisée »
  • La Milice non organisée : Autrement appelée milice « citoyenne », ou « constitutionnelle », ou « privée » : Formée de civils volontaires sans lien direct avec l’autorité publique. C’est précisément cette sorte de milice qui nous intéresse en tant que survivalistes…




Le Mouvement Milicien


Constitué de nombreux petits groupes paramilitaires et survivalistes indépendants ayant commencé à émerger dans les années 70 (sous l’impulsion de vétérans du Vietnam entre autres), il s’est largement développé dans les années 90 (lorsque Bush père, ex Directeur de la CIA, est devenu Président) et connaît un essor sans précédent depuis le premier mandat d’Obama (2008). Il existe à présent des milices citoyennes dans chacun des Etats américains, soit selon les sources entre 20 et 60 000 membres actifs.

A en croire les médias d’ici et d’ailleurs, les milices américaines sont des groupes haineux et violents, rassemblant pèle-mêle fêlés de la gâchette, conspirationnistes, ultra-conservateurs et suprématistes blancs. Et ils ne manquent jamais de rappeler l’attentat d'Oklahoma City perpétré en 1995 par deux sympathisants du Mouvement contre un bâtiment fédéral abritant les antennes locales de l’ATF, du FBI et de la DEA (attentat qualifié par ses auteurs, faut-il le préciser, de représailles suite au massacre de Waco).

Mais il importe de remettre certaines pendules à l’heure : Les milices constitutionnelles sont des organisations légales dont l’existence, le fonctionnement et les activités sont parfaitement connus des autorités américaines, et qui sont étroitement surveillées (et évidemment infiltrées…) par les agences de renseignement fédérales. Loin d’être un ramassis d’illuminés et de dangereux extrémistes, les milices privées sont composées pour l’essentiel d’anciens militaires et de membres des forces de l’ordre à la retraite, c'est-à-dire des gens plutôt équilibrés, rationnels et bien insérés dans la société.

Chaque milice étant libre de s’organiser comme elle le souhaite (pourvu qu’elle respecte les lois en vigueur), beaucoup sont ouvertes aux civils totalement étrangers à l’univers militaire ou policier, sans discrimination de race, de religion, de sexe, d’âge ou de condition physique. Les valeurs universellement portées par les milices sont le patriotisme, la protection de la Constitution, la défense des libertés individuelles et collectives, l’entraide communautaire, l’esprit de camaraderie, les barbecues le dimanche…).




Situées sur l’échiquier politique à l’extrême-droite (comme si « droite » et « gauche » avaient encore la moindre signification de nos jours…), les milices partagent, il est vrai, certaines convictions propres aux Conservateurs radicaux. Elles s’opposent ainsi à toute forme de « socialisme » (aux USA ce mot est quasiment un synonyme de  « communisme »), dénoncent le pouvoir de plus en plus abusif et intrusif de l’Etat fédéral, l’instauration d’un Etat Policier, et vouent, non sans raison, une haine certaine à l’encontre du Nouvel Ordre Mondial (NWO) et de ses artisans et représentants.

Il faut savoir que depuis le Patriot Act les miliciens (tout comme les simples survivalistes d’ailleurs) sont suspectés - par défaut - d’être des « terroristes domestiques potentiels » en raison de leur intérêt pour les armes, leur autonomie matérielle, leur indépendance intellectuelle et de leur défiance vis-à-vis du Système dans sa globalité. On comprendra que cette suspicion aveugle et permanente puisse écœurer ceux qui ont servi leur pays en allant combattre en Irak et en Afghanistan…

C’est pourquoi bon nombre de miliciens et de survivalistes sympathisants au Mouvement ont adopté la devise « Long Live The Republic » (« Que vive longtemps la République »), considérant que celle-ci est menacée de disparaître au profit du NWO ; Et en signe de protestation certains renversent le drapeau américain afin de dénoncer l’inversement des valeurs et le déclin de la Nation) :




Fonctionnement interne d’une milice & Activités


Ces considérations politiques mises à part, comment fonctionne une milice constitutionnelle aux USA et quelles sont ses activités régulières ?

La particularité (et la force) d’une milice citoyenne est d’être à la fois totalement indépendante et fermement ancrée au niveau local ; Les membres du groupe se connaissent tous du fait qu’ils sont parents, amis, voisins ou collègues de travail. Et ils opèrent dans un environnement qu’ils connaissent bien : Leurs propriétés, leur comté et leur région. Durant la guerre d’Indépendance ceci fut un véritable atout face aux troupes britanniques méconnaissant les lieux ; Et il est certain que celui qui se bat pour protéger ses propres terres est généralement animé d’une détermination plus grande que celle de ses adversaires…

L’enrôlement dans une milice citoyenne est basé sur le volontariat et le désir d’apporter au groupe le meilleur de soi-même. Une milice n’est cependant pas une troupe anarchique ou même démocratique (il y a une chaîne de commandement et des ordres auxquels il faut obéir sous peine d’être exclu). Certaines milices recrutent par cooptation, d’autres font passer des tests aux candidats afin de juger de leur niveau (maniement des armes, fonctionnement au sein d’une unité etc…) et de cerner leurs aspirations.

L’avancement au sein de l’organisation se fait généralement au mérite : Les plus compétents et les plus impliqués occupent naturellement les fonctions de décideurs, de personnels d’encadrement et de formateurs. Du fait que les critères de recrutement sont habituellement très accessibles (la motivation importe plus que les connaissances techniques et les aptitudes opérationnelles), nombre de milices présentent un aspect hétéroclite pour ne pas dire « amateur ». Mais il faut garder à l’esprit que ce sont des civils ordinaires provenant de tous horizons, ce qui fait d’eux des guérilleros en puissance plutôt que des soldats professionnels.




Les activités types d’une milice sont l’entraînement au tir (au stand comme sur le terrain), les bivouacs, les simulations (parties d’Airsoft, exercices d’infiltration et d’exfiltration, déplacements en convoi etc.), les séances d’instruction théorique ainsi que les réunions (comme n’importe quel « club » il convient de se retrouver tous ensemble de temps en temps pour discuter de tel ou tel sujet d’importance), et ces rassemblements donnent souvent lieu à des journées de détente familiale avec femmes et enfants. C’est quelque chose d’important car ça renforce la cohésion communautaire.

En plus de cela, la plupart des milices s’investissent dans des activités citoyennes (par exemple celles se trouvant près de la frontière mexicaine participent à la lutte contre l’immigration clandestine et le trafic de drogue, en partenariat avec la Police) ou communautaires, notamment au profit des familles appartenant au « clan ». Car être milicien et prepper cela va de pair ! Le fameux « Don’t Tread On Me » est largement employé par les milices, et non seulement chacun doit, au niveau de son foyer, se préparer activement à tout risque éventuel, mais à l’échelle du groupe également des actions sont entreprises afin de stocker vivres et eau potable, médicaments, équipements de survie, outils, etc…

Certains groupes achètent en commun des terrains ou des véhicules, d’autres mettent en place des potagers collectifs ou des formations (premiers secours, cuisine etc…). Le fonctionnement en réseau joue à plein et les qualifications de chacun servent au collectif tout entier.




Pour nous autres européens il apparaît donc opportun à tous points de vue de s’intéresser de très près au fonctionnement des milices américaines car c’est l’unique alternative valable à la survie telle qu’on nous la suggère habituellement (seul, en binôme ou en famille). Mais nous reparlerons de cela en détails dans la seconde partie de cet article.


La question des milices en France


Pour faire très court, ce qui existe aux USA ne peut absolument pas être transposé dans notre pays en l’état actuel de la législation nationale (et probablement européenne). La loi du 10 Janvier 1936 - et ses différentes modifications ultérieures - portant sur les groupes de combat et milices privées interdisent formellement l’existence de telles organisations, et le législateur a prévu des dispositions (article L. 212-1 du Code de la Sécurité Intérieure) suffisamment vastes et floues pour permettre la dissolution de tout groupement ressemblant de près ou de loin, dans sa forme ou dans son fond, à une quelconque milice.

Nous verrons toutefois dans la troisième partie de cet article comment composer avec cette situation tout en restant dans la légalité…


(*) Voir ou revoir le film « The Patriot » avec Mel Gibson dans le rôle principal

Compléments d’information :
Reportage de Discovery Channel sur l’essor des milices aux USA - « Militia Rising » (en anglais) : https://www.youtube.com/watch?v=7mIz4Nr5p6E
FAQ sur les milices (en anglais) : http://www.militianews.com/militia-culture/

4 commentaires:

  1. Très bon article, on attend la suite avec impatience !

    RépondreSupprimer
  2. Très bien. Est-ce que je peux partager avec les journaux?

    RépondreSupprimer
  3. Quelques frappes nucléaires tactiques de faible intensité sur les cites au moment de l effondrement laisseraient au gaulois de souche plus de chances de survie.
    Le pire étant que la racaille soit approvisionnée en munition pour les armes de guerre qu elle détient déjà.
    Dans ce cas aucune milice ne pourra s y opposer.

    RépondreSupprimer

Merci de veiller à l'orthographe et de rester dans le cadre de l'article proposé. Les commentaires en petit nègre ou hors sujet seront systématiquement rejetés.