Activer / Réactiver son réseau

Un réseau n’est pas une équipe, et un réseau de résistant n’induit pas le fait que les gens se connaissaient, ni ne travaillaient en équipe, bien qu’ils aient, en ce cas, un objectif commun. La définition d’une équipe est « un ensemble de personnes différentes et complémentaires au service de la réussite d’un objectif commun et connu » (il existe d’autres définitions bien entendu). 

Le réseau induit une proximité contextuelle, soit un rapprochement par le contexte. Les membres du réseau ne se connaissaient peut-être pas du tout et se sont rapprochés grâce à un évènement (le réseau des résistants, ou des bacheliers 1960), ou une forme de corporatisme (par exemple, le réseau des marchands). Leurs objectifs leurs sont alors souvent personnels, même si l’on se donne une bonne, voire très bonne raison de « collaborer » pour le bien de tous, par le biais d’un échange de service et non pour une réussite quelconque.

Ne confondez donc pas un réseau et une équipe, cette distinction faisant toute la différence dans le temps, notamment quant à la durée des alliances.

Le réseau

Dans l’histoire, ce mot est associé à la résistance.

Actuellement, il est hélas souvent associé au réseautage à la Française, dans le monde des affaires.

Dans le monde technologique, il est associé au net (ou web).

Dans le « Dark world (ou web) », il est associé à la possibilité d’obtenir ce que l’on veut de façon transparente.

Dans le monde courant, soit 95 % de la population, il a peu de sens hors mis associé en direct avec une information contextuelle. Il a peu de sens, car peu le développent. Nous avons évolué dans un monde « solo » et si l’on parle encore de « piston » pour le travail ou de résistance, en pensant à 39/45, cette notion a largement été diluée. Tout au plus avons-nous des voisins, des activités associatives, un groupe de (au choix copains, motards, tireurs du club etc.)

La plupart du temps les réflexes sont devenus individualistes : ne rien devoir à personne, ne rien attendre de personne.

Les survivalistes sont donc réputés hyper individualistes (en plus d’être des allumés de la gâchette 😊 ), ce qui n’est pas tout à fait faux, beaucoup d’entre eux ayant renoncé à la confiance (du voisinage, de la famille, ou des amis).

Des années d’études ont malgré tout permis de mettre en exergue la nature collective des forces (armées notamment) de tous types. D’autres années d’expérience renvoient à l’utopie de la tentation autarcique.

Nous voilà donc à la croisée des chemins, à devoir trouver une route justement, entre méfiance légitime et nécessité de partager quelques trucs (allant des renseignements aux pommes de terre).

Les différents réseaux

• Le réseau des écoles, surtout des grandes écoles en France, mais pas que. S’être connus pendant l’enfance ou les études permet indubitablement de tisser des liens informels, mais souvent efficaces. Et même d’oublier les différences sociales qui se sont construites par la suite. Ceci dit, cela n’est pas synonyme de confiance.

• Le réseau des voisins. Un réseau naturel, de proximité, pouvant  aller de l’amitié sincère à l’échange de services, mais en passant par les fâcheries diverses et variées. On connaît parfois mieux ses voisins que ses amis. Quoique.

• Le réseau associatif. On partage des passions, loisirs, centres d’intérêts. Ce qui ne veut pas dire qu’on partage quoi que ce soit d’autre ou que l’on s’apprécie. Mais on finit par se connaître et avoir l’habitude de faire des « trucs » ensemble.

• Le réseau professionnel. Un réseau imposé, mais que l’on aurait tort de négliger. Ca va de « Jules » de la maintenance, à « Sylvie » du juridique, et c’est en tous cas un gros stock de compétences dans le temps. Ce qui ne veut pas dire que l’on se supporte. Sauf nécessité.

• Le réseau militaire. Qu’il soit militaire ou para militaire, c’est un réseau basé sur la notion de défense (au bas mot), l’armement, et les techniques afférentes : passer ou bloquer un passage, se cacher, se procurer des biens ou des services, assurer une logistique, avoir des armes et des munitions, récupérer des informations, désinformer et être en mesure de rester physiquement et intellectuellement en forme dans un milieu dégradé. La discipline remplace la confiance ou l’assentiment, jusque dans une certaine mesure.

• Le réseau familial. Il y a un dicton qui dit que l’on choisit ses amis plus que sa famille. Néanmoins il est fréquent que l’on fasse l’inverse en période de crise. Ce qui n’est toujours pas synonyme d’un lien fort.

• Le réseau amical. Souvent construit à un instant « T », sur un contexte donné : bringue, partages de plaisirs, ou partages de certaines valeurs, le réseau amical est varié et d’une durée imprévisible si le contexte change. Un pote de bringue ne va pas nécessairement vous aider à rentrer du bois, sauf intérêt personnel.

• Les réseaux célèbres : Francs-Maçons, Rosicruciens, anciens élèves de l’ENA, etc. Politiques. Souvent fantasmés, ces réseaux ne sont pas si unis que cela et plus locaux ou contextuels que réels et indéfectibles. On en parle beaucoup, il s’en passe bien moins.

• Le réseau des affaires : on y traite d’affaires. Ces réseaux sont souvent défaillants hors du business. Et il y est de très mauvais ton d’être dans le besoin de quoi que ce soit. Donc je suis disposé à vous aider si vous n’avez besoin de rien et être en meure de me renvoyer l’ascenseur.

• Liste non exhaustive...

Les réseaux durant le Covid ou en période de crise

Durant le Covid et notamment le confinement, les commissariats et les gendarmeries ont été noyés sous les dénonciations. Tous les réseaux ont « morflé ». Les voisins se sont éloignés, les entreprises arrêtées, la famille a cessé de vous inviter à partager le gigot du dimanche et les associations ont fermé leurs portes.

Puis la France s’est clivée : Covidiste et Anti.

Idem pour les vaccins.

Idem pour l’Ukraine et la Russie : les anti Poutine, les anti Z. Avec des questions subsidiaires de type : faut-il sauver les chiens de Kiev ? 

Parfois les pour et les anti obéissent à une proportions à la con, de type 95/5. Les résistants sont en général du côté des 5 % d’ailleurs.

Et, de façon générale, il y a une majorité obéissant à la doxa et une minorité qui souhaite rester indépendante de pensée (ou plus) : 80/20 en général.

Ces grands courants prennent souvent l’ascendant sur les réseaux locaux.

Donc, mon voisin avec qui, tous les ans, je partageais ma passion des voitures anciennes, refuse de me fréquenter depuis qu’il sait que je suis de descendance Russe (ou antivax).

Parfois, si on est pas touché, on ne parle tout simplement de rien, ni de politique, ni de religion, ni de vaccins…

Le réseau est donc fragile, contextuel, variable et souvent d’intérêt.

Peut-on se passer de réseau ?

Oui, théoriquement, et tant que la monnaie tiendra lieu d’outil d’échange. J’ai besoin de bois, il a besoin de faire réparer son carburateur et elle doit consolider sa toiture. C’est le système capitaliste. Il s’agit donc d’un réseau, international, récemment encore mondial, permettant d’échanger biens et services de façon libre et consentie, sans avoir les inconvénients du réseau : à savoir devoir l’entretenir et y représenter soi-même une Valeur au propre ou au figuré.

Enfin, certaines familles sont partiellement autarciques, vivant de façon tribale et répondant tout à la fois au besoin de communiquer et de s’entraider : en théorie elles se passent donc de réseau, bien qu’elles utilisent, comme les autres, les services régaliens (hôpitaux, routes, écoles, services publics etc.)

Nous faisons donc partie, que nous le voulions ou non d’un réseau plus ou moins global, souvent à notre insu, ou tout du moins à « l’insu de notre plein gré ».

Vouloir se passer de réseau, c’est être l’homme des bois, mais qui ne marche sur aucune route. C’est donc l’homme des cavernes...

Ce qui veut dire en clair, que nous sommes tous des maillons de la chaîne, qui parfois se brise, mais la plupart du temps nous les brise, bien que nous ne sachions pas  nous en défaire tout à fait.

Le réseau à l’orée de ww3 et de tout le reste

Durant ces derniers 24 mois, j’ai eu l’occasion de voir tous les rapports humains se modifier : de bons amis ne se voient plus, des groupes d’entrainement se sont éteints, des clubs de tout et n’importe quoi ont fermé.

Vous avez fait connaissance, pour part, avec l’envers du miroir, une surface lisse et terne, peu captivante, mais inévitable. L’homme est faillible.

Et c’est l’heure de faire les comptes :

• Qui a tenue parole ou s’est fondu dans la masse inerte ?

• Qui a eu la force de ses idées, valeurs ?

• Qui a été présent, serviable, solide ?

• Qui a été fuyant, lâche, dénonciateur, collabo ?

• Qui a su vous faire rire dans la détresse ?

• Qui s’est effondré comme un soufflé qui sort du four ?

• Qui vous a dit « cépamafote » parce que : les gosses, ma femme, la maison, le travail et autre ?

• Qui vous a plu et même est devenu votre ami (e) ?

• Qui vous a déçu au-delà de toute idée préconçue ?

Merci le Covid, de nous avoir servi de terrain d’entrainement, même si certains sont déjà mort lors de cette première bataille (et désolé).

Vous savez désormais qui est qui et, dans de nombreux cas, quel est leur objectif.

Mais si les méchants Russes nous envahissent, ce sera différent ?

Oui, un instant durant. Tous Français, Tous unis. La jolie illusion...

Car l’instant d’après, nos dirigeants, qu’ils soient de village, de ville, de département, de région, d’usine, d’entreprise, ou de pays, prendront des décisions :

Quoi faire pour que, à peu près, il subsiste un tantinet de normalité.

C’est comme ça que nous avons validé Vichy, et c’est comme ça que la plus grande partie de la population a validé le vaccin, le pass et le reste.

Donc le véritable réseau reste à déterminer.

Comment  fabriquer mon réseau

1°) Il est grand temps de me préparer :

Je recense les membres encore vivants de mon réseau – ou mes différents réseaux.

Je liste mes besoins : communication, renseignements, moyens de toutes sortes, besoins individuels ou collectifs.

Je chiffre ma monnaie personnelle (soit monnaie, métaux, ou bien à troquer).

Et je relie chacun à sa chacune, chaque besoin à son fournisseur, chacun de mes biens et services perso échangeables : en traçant une sorte de carte de géographie, où les lieux sont les membres du réseau et où les routes sont nos axes de communication.

Sans chasser tout membre imparfait (ce que je suis aussi), je donne des évaluations d’efficacité à chaque alliance : Pascal, 30 % de chance pour qu’il accepte de me prêter son 4x4... (et en échange de quoi ?).

2°) J’entame la phase de communication :

A) Je fais savoir autour de moi que je suis prêt à être solidaire et à partager (avec réciprocité) et j’observe les réactions, comme je l’ai fait durant le Covid.

B) Je fais savoir que je peux aider, mais peux aussi me défendre. Bref, je ne suis pas une buse ou un pigeon.

C) Je suis discret sur mes opinions de toutes sortes.

D) Je prend le large avec ceux et celles qui me semblent définitivement inadéquats dans un réseau (non loyaux, ne renvoyant pas l’ascenseur, voire pire) – en me faisant oublier.

3°) Est-ce le moment de recruter ?

Bon, bof... recruter, c’est connaître, et les beaux parleurs risquent d’être légion. C’est surtout l’heure de ne pas trop parler justement.

4°) Je deviens invisible

De tous temps, les réseaux ont toujours brillé par leur occultisme. Les sociétés ont été secrètes, les résistants ont adopté des pseudos etc. Ce qui ne veut pas dire qu’il faille tomber dans la paranoïa.

Autre forme d’invisibilité : je ne fais pas d’esclandres, je respecte les limitations de vitesse et autres règles du quotidien, je ne passe pas pour un marginal qui entraîne sa petite famille au AK47 le weekend et je ne passe pas dans une émission où j’exhibe mes stocks pour la fin du monde.

Vous allez me dire que ça va de soi. Non justement, ce n’est pas si simple, même si j’image le truc avec des exemples grotesques.

5°) Je suis serviable

Je sais ouvrir ma porte et donner la main, voir aider à trouver un truc. Le tout sans mouiller ma chemise. Mon côté gentil, respectueux et débrouillard, rassure, intéresse, mais ne doit pas faire peur.

J’entrecroise mes réseaux

Je fais partie des anciens du lycée Colbert, des tireurs du club Machin, je suis infirmier, je fais partie d’un regroupement d’artisans libéraux : 4 réseaux. Auxquels il faut ajouter la famille (qui en est un), les amis (même si la prudence s’impose), et les voisins (pas tous). 

Ma carte de géographie est donc peuplée d’un tas de fils de toutes les couleurs qui me permettent d’envisager pas mal de solutions.

Mais le mieux est de les entrecroiser sans les faire se connaître, ou au minimum. Pour au moins deux raisons :

La première : la discrétion

La seconde : si vous êtes un intermédiaire indispensable, c’est mieux

Activer un réseau, le réactiver (ou le réanimer)

Un réseau dont on ne se sert jamais est un réseau mort. Donc ne s’use  que si on l’oublie.

Activer un réseau, c’est faire circuler l’objet du réseau : souvent de la communication pour commencer, puis des rencontres individuelles, des idées, et enfin des biens, services, actions.

L’ensemble demande du temps, autant commencer tout de suite avec des échanges de base.

Quelques règles vous permettront de ne pas vous fourrer dans le premier piège venu :

a) L’invisibilité (rappel).

b) Je ne suis le chef de personne, mon objectif n’est pas de diriger ou contrôler (laissons ça aux autres).

c) Le silence est d’or, la parole est d’argent : je m’exprime peu et à juste titre.

d) Je n’engage ma responsabilité sous aucune pression (et en terrain connu).

e) Je ménage les susceptibilités et rancœurs, ne prend pas part aux conflits entres autres membres du réseau.

f) L’ennemi de mon ennemi n’est pas toujours mon ami, je reste prudent.

g) J’utilise le moins possible le réseau, mais suis généreux en services non dangereux, de façon à être un homme (ou une femme) apprécié.

h) Je communique positivement : jamais « Non » sèchement, jamais « Oui » imprudemment, d’humeur égale (rien de pire que les lunatiques imprévisibles), et je ne fais pas peur.

i) Je me fais respecter avec justesse : quand on me marche sur les pieds, je fais Ouille...

j) Je tiens tout service que l’on m’a rendu pour payant et je le paye sous une forme ou une autre dès que possible. 

En conclusion

Si vous avez un objectif commun, vous formez une équipe. Mais ça ne sera pas toujours le cas. Et prenez en compte le fait qu’une équipe est forte, et qu’une équipe déjà très soudée, est toujours peu malléable dans un réseau.

Donc si, au sein de vos différents réseaux, vous comptabilisez plusieurs équipes (des couples soudés ou binômes, des familles, des clans), sachez qu’ils sont bien plus autarciques que vous dans l’esprit, souvent unis par un esprit de meute qui vous fera défaut si vous êtes seul.

Ne comptez donc sur les autres qu’avec « parcimonie et bon escient ». La force d’un réseau est dans la capacité à réaliser des échanges sur des bases égales.

Bien entendu il existe des réseaux « idéaux » qui font passer les hommes vers la liberté, ou un tas de belles actions, mais souvenez vous du fait qu’en 39/45, la plupart des résistants sont morts par dénonciation, souvent pour quelques kilos de nourriture ou simplement le fait d’être « bien vu ». Le covid nous a rappelé que ça n’a guère changé.

Faire partie d’une meute solide, unie et aimante ? On ne devient pas membre, on l’est de naissance …..