Les différents tirs au combat

=> Article proposé par Reinho, rédacteur de Survivre au Chaos.

Contrairement aux idées reçues, une arme au combat ne sert pas qu'a tuer, mais surtout à effectuer un grand nombre de missions différentes, dans le cadre d'une mission précise.

Pour un survivaliste admettant que l'affrontement armé sera inévitable pour survivre, quelques bases sur les différents types de tirs au combat seront donc nécessaires...







Comme vous le savez déjà, une arme à feu peut être utilisée dans bien des domaines : défense, tir sportif, chasse, ball-trap, combat, etc.

Et pour chaque utilité, consciemment ou pas, l'arme est achetée en fonction de ce que l'on veut en faire... Par exemple, si vous achetez un Desert Eagle pour une arme de sûreté ou de combat, c'est que vous n'avez rien compris au choix d'une arme.

Le choix d'un type d'arme est finalement assez simple ; vous regardez ses caractéristiques (poids, panel de munitions, encombrement, etc.), vous choisissez le type d'arme en fonction de ce que vous voulez en faire, puis vous avisez avec votre budget.

Exemple tout bête, une personne qui veut acheter une arme de défense pour son appartement prendra bien souvent un pistolet gomme cogne, une bombe lacrymo, une matraque... enfin, n'importe quelle moyen de défense petit et léger. Un fusil ou une carabine sera beaucoup trop encombrant, et trop puissant. Cette personne se rendra vite compte qu'elle à besoin d'une arme légère, faisant peu de dégâts, et si possible moins chère qu'un fusil.

Pour une utilisation en domicile, vous êtes déjà tous au courant qu'une arme ne sert pas qu'a tuer. Bien souvent, montrer qu'on en possède une est largement suffisant.

Dans cet article, je ne parlerai pas de défense, mais uniquement de combats militaires, car, dans ce domaine, il y a beaucoup à dire.

Les militaires utilisent des tirs pour un grand nombre d'actions différentes au combat, et dans le cadre de ces interventions, beaucoup de choses sont à prendre en compte, comme par exemple le choix des armes et des munitions.

Je précise que dans cet article, je ne me limiterai qu'à du combat d'infanterie. Déjà parce que c'est de là que vient ma formation militaire, et surtout, parce qu'un civil lambda devra très souvent se limiter à du matériel classique d'infanterie (armes, munitions et équipements).

les tirs de précision

Première utilisation d'une arme par un tireur de précision :

- Détruire

Définition : mettre définitivement hors d’usage ou de combat, selon qu’il s’agit de matériels ou d’une formation.

J'écris cet article pour bien montrer qu'en combat réel (pas dans les jeux vidéo quoi), on ne tirait que rarement pour tuer. Oui, une arme sert à tuer... Au combat, vous voyez un ennemi, vous appuyez sur la détente, et il meurt. Mais vu la longueur de l'article, vous imaginez bien que ce ne sera pas toujours aussi simple que ça.


- Neutraliser

Définition : mettre l’ennemi hors d’état d’agir de manière efficace pour un temps déterminé.

Neutraliser ressemble au fait de détruire, on l'associe souvent à la même mission.
La mission de neutraliser est essentiellement prévue pour de l'anti-matériel. Un blindé résiste de plus en plus au petit calibre non perforant, il est souvent bien plus simple et tout aussi efficace de simplement neutraliser. Par exemple les pneus ; même s'ils disposent d'un système de regonflage automatique en cas de crevaison, leur limite arrive assez vite.

Contre des personnel, beaucoup de tireurs favoriseront le fait de blesser, plutôt que de tuer ; neutraliser plutôt que détruire...
Blesser fait consommer du personnel, du temps et de la logistique à l'ennemi. Tuer ne demande rien du tout. Éventuellement le fait de creuser un trou, et encore.

DroneDefender : un fusil à ondes capable de neutraliser un drone
en un dixième de seconde

- Appuyer

Définition : Apporter une aide à une autre unité, spontanément ou sur ordre, par le mouvement ou par le feu.

L'appui consiste à tirer sur une position ennemie pour l’empêcher de bouger et permettre une action alliée, bien souvent un débordement. Petite précision, le débordement est le fait de contourner une zone dangereuse pour la prendre depuis une direction imprévisible. Je vais y revenir.

Dans ce cadre, l'action du feu n'est pas faite pour tuer (même si ce serait plus simple au cas où cela arriverait par chance) mais à faire baisser les têtes pour empêcher l'ennemi de voir se qui se passe. Quand vous entendez dans les films le célèbre " couvre-moi !", ça n'a en fait rien à voir avec une couverture, mais avec un appui.

Ici, je parle d'appui avec une action de feu, mais la plupart du temps, l'action se résumera à l'observation de l'itinéraire des alliés, à donner à la radio tous les points particuliers, puis à appliquer des feux en cas de danger. C'est l'une des missions les plus importantes dans l'infanterie, à tel point que les militaires en on fait leur règle d'or " pas un pas sans un appui ".

Donc la mission " appuyer " est autant une mission d'observateur que de tireur.


- Couvrir

La couverture est souvent confondus avec l'appui, et pour cause, leur deux modes d'action se ressemblent.

Si l'action de feu de l'appui se centre sur la position ennemie elle-même, le feu de la couverture est concentré sur une zone où l'on veut empêcher l'ennemi d'approcher, bien souvent un chemin de repli.
Cette action s'effectue généralement pendant le débordement d'un groupe d'infanterie, qui se fait successivement à un tir d'appui, et s'effectue simplement par un “ report de tir ”. Ne vous inquiétez pas, je vous explique ça un peu mieux juste après...


- Fixer

Définition : exercer sur l’ennemi une pression suffisante pour lui interdire tout mouvement ou tout redéploiement de dispositif.

Je pense que la définition est suffisamment claire : en mettre plein la tronche à l'ennemi pour l'empêcher de se reformer. Là, même si cette mission peut être effectuée par des tireurs d'élites, c'est clairement une mission pour une armée, très peu pour du combat de guérilleros, car elle demande une certaine puissance de feu (mais cette mission fait quand même partie des cours militaires des tireurs d'élite).

Mitrailleuse 7.62 montée sur hélicoptère

- Soutenir

Définition : intervenir au profit d'une unité par la fourniture de moyens ou de services.

C'est simplement le fait de tirer sur une zone sur laquelle une autre unité alliée doit tirer, pour lui permettre de faire ce qu'elle a à faire (recharger, se reformer, finir de griller les brochettes, etc.)
Bon celle là elle est très simple à comprendre, on passe donc directement à la suivante...


- Harceler

Définition : Restreindre l’activité ennemie dans une zone ou sur un itinéraire défini et créer un climat d’insécurité. Le harcèlement peut être obtenu par des coups de main et des embuscades, ou encore par des obstacles battus ou non.

Là, on comprend tout de suite qu'on est complètement dans du combat de guérilla.

Le but ici est de tirer sur l'ennemi, ou vers l'une de ses positions. Seulement quelques cartouches et de façon régulière pour qu'il se sente en insécurité constante, tactique très commune des guérilleros, connus sous le nom de “ tire et cours ” (ou hit & run)

Les terroristes s'en servent aussi beaucoup, en tuant de quelques dizaines à quelques centaines de personnes par an pour maintenir une peur constante, pour arriver à des fins comme faire voter des lois qui vont dans leur sens.

En combat, le but est essentiellement d'empêcher l'ennemi de dormir, de le maintenir constamment sous pression. J'ai personnellement connu ça en Afghanistan, où dans certains camps, on était réveillé tous les matins 6h00 à coups de mortier...

Bon, ça c'était pour les tirs de tireurs d'élite. Je précise que je ne parle que des différents types de tir, pour les procédés et le combat lui-même, ce sera dans un prochain article.

Les tirs en combat d'infanterie

Tir de barrage et Tir de saturation

Tir de barrage :
Barrage d'une zone déterminée par un feu intense empêchant l’ennemi de progresser ou de contre-attaquer.

Tir de saturation :
Se dit d'un tir d'un très grand nombre de projectiles sur une zone donnée, afin de la rendre invivable ou impénétrable par l'ennemi.

Ces deux tirs là sont appelés communément " la boule de feu ". L'idée est de saturer la zone ennemie de feu allié dans un but précis, bien souvent le repli ou la destruction. Cette action est très risquée, vu qu'elle fait utiliser toute les réserves de munitions en une seule fois pour une seule mission.

Bon, pour imager les tirs principaux que je vient de nommer, voyons voir une scène de combat tout ce qu'il y a de plus banal ; ici, un assaut. En bas les alliés, en haut les ennemis...

Première phase, le gros de la troupe réagit en tirant sur l'ennemi.

Ensuite, on désigne un groupe d'assaut (ou section, compagnie, etc, suivant la puissance de tir du camp d'en face).
Quand le groupe d'assaut est en place et en train de s'organiser, il envoie à la troupe l'ordre " boule de feu ", le temps de se mettre en place, pour que l'ennemi ne fasse pas attention à lui.

La boule de feu est le tir de saturation, utilisé ici pour appuyer l'action du groupe d'assaut.

Le groupe s'est organisé, et peut commencer sa phase d'assaut. Il lance à la troupe " report de tir ". Le but est de repousser tous les tirs alliés dans la zone où l'ennemi à le plus de chances de se replier (d'ou l'intérêt d'avoir un chemin de repli vers l'arrière).

Le but d'une telle action est de :
- Maintenir une puissance de feu de la troupe, et empêcher l'ennemi de faire attention aux cotés,
- D'éviter les tirs fratricides,
- De saturer la zone de repli ennemie.

Arrivé à un certain point, le groupe lance l'ordre " halte au feu ". Cela quand il est tout prêt de la zone de repli ennemie, pour empêcher les tirs fratricides.

Puis les survivants se postent sur le secteur, et surveillent la zone qui vient d'être prise.

Dans cet exemple de combat, on a :

- En premier, un tir de riposte et de présence
- Un tir d'appui, pour permettre au groupe d'assaut de se déplacer
- Un tir de saturation, pour que l'ennemi reste concentré sur le combat en face
- Un tir de barrage, pour empêcher l'ennemi de se replier
- Et enfin... un tir pour tuer, quand le groupe d'assaut attaque.

Ainsi, en combat réel, le tir à tuer n'est que l'une des nombreuses composantes d'une action, et certaines missions qui demandent une grande puissance de feu, ne nécessitent même pas de tirs pour tuer.

Chaque tir à une utilisation précise, et chaque utilisation, une façon particulière de se faire. Ainsi, chaque mission aura des armes et des munitions adaptées.

En combat d'infanterie, on classifie les armes de la manière suivante :

• Les armes de poing
• Les armes d'épaule
• Les armes collectives légères
• Les armes collectives lourdes
• Les armes à tir courbes
• Les armes légères antichars

Chacune de ces armes possède ses spécificités, et doit être choisie en fonction de chaque mission. Par exemple, un tir de saturation avec une carabine à verrou, ça ne marche pas... Un tir de précision sur un officier ennemi avec un lanceur antichars... bon, j'exagère volontairement pour que vous voyiez ou je veux en venir.

Et c'est pareil pour les munitions : l'importance n'est pas aussi grande que celle des armes, mais leur choix devra quand même être réfléchi avant le combat, en fonction de leur portée et de leur utilité. notamment celles ayant une capacité à effets spéciaux (cal 12 par exemple).

La Convention de Genève interdit certaines munitions considérés trop efficaces, comme les balles de fusils d'assaut dépassant les 1000 m/s, les balles expansives, le 12,7 sur du personnel, les balles non blindées (ogives en plomb), le Napalm, etc.

L'assaut que je viens de vous expliquer ne peut être utilisé qu'au bas de l'échelon, c'est à dire en petites unités (équipe, groupe, section grand max), car ce procédé est désormais très connu. Au moment où celui d'en face tend l'embuscade, il suffit de blinder d'explosifs l'endroit où la section d'assaut à le plus de chance de se préparer, puis tout faire péter dés le début du tir de saturation. La section d'assaut sera au tapis, et la troupe en face cramera tranquillement toutes ses réserves de munitions, pensant qu'ils appuient leurs amis.

Donc ce procédé est inutile contre un groupe d'ennemis possédant un minimum de connaissances en matière de combat d'infanterie. En attendant, cette manœuvre est toujours enseignée dans les cours militaires d'aujourd'hui. Quand je vous dis qu'à l'armée, il faudrait revoir tous les procédés de combat d'infanterie à la base, c'est pas pour rien.

Pour les actions de combat à plus gros échelon, il existe beaucoup de méthodes bien plus efficaces, disponibles facilement sur internet, certaines utilisables uniquement par des armées, d'autres, par des petites unités donc parfaitement adaptables pour des survivalistes, et pour tout type d'environnement (urbain, forêt, désert, montagne, etc.)

Beaucoup de survivalistes pensent qu'en cas de chaos, il suffira d'attendre sagement avec un gros stock de nourriture et de munitions, en tirant sur tout ce qui s'approchera de sa "bulle". Bien entendu, ce n'est pas mon avis. Je pense que des phases de combat seront inévitables ; apprendre les bases sur le maniement opérationnel des armes à feu, ainsi que quelques bases de combat à petites unités (max 10) est donc nécessaire...