Leçons des anciens pour les combats à venir

Le monde moderne, en dépit de l'extraordinaire développement de ses technologies, n'a rien inventé pour ce qui est des bases de la vie et du combat.

Les anciens l'ont fait bien avant nous, tout au long des générations qui nous ont précédé. C'est d'abord grâce à eux et à leur savoir que nous sommes là aujourd'hui, et c'est en nous replongeant dans leur histoire que nous en percevrons les subtilités.

Dans cet article, nous étudierons les tactiques de guerre des Barbares jusqu'aux Romains, qui restent plus que jamais d'actualité de nombreux siècles après...



La machine de guerre romaine a été l'unité de combat ultime au niveau individuel. Ce n'est qu'après la République (puis l'Empire), décimés par l'extension territoriale démesurée, la cupidité, la corruption et la turpitude morale, que les légions perdirent leur efficacité. Au début du Ve siècle, elles n'étaient déjà plus que l'ombre d'elles-mêmes.

Ce qui nous amène aux Barbares. Ce terme était un mot générique qui signifiait "étrangers", plus que tout autre chose. Pour être plus exact, il désignait tous ceux qui n'étaient pas des citoyens romains. Au milieu du IV° siècle, les légions dépendaient beaucoup des conscrits de Gaule (aujourd'hui la France), des tribus germaniques, et de nombreuses nations telles que la Grèce et l'Espagne. La citoyenneté était accordée après le service (tout comme dans notre Légion Étrangère), ainsi que des concessions de terres. Cette particularité finit par devenir une arme à double tranchant, dans la mesure où la majorité des conscrits survivants retournaient chez eux une fois leur temps terminé...

Les Barbares et leurs techniques

Les Barbares ramenèrent dans leurs tribus et leurs clans la connaissance des techniques de combat acquise dans les légions romaines, auxquelles ils incorporèrent nombre de leurs tactiques propres pour en faire autant de méthodes personnalisées de combat. Ces tribus barbares disposaient déjà de moyens particulièrement efficaces pour se cogner mutuellement, qui sont dignes d'être mentionnés ; des leçons que nous avons tout intérêt à intégrer en vue des affrontements futurs.

Nous énumérerons quelques-unes de ces anciennes tribus, ainsi que certaines des tactiques qui leur ont permis de réussir, puis nous établirons un parallèle avec la manière dont nous pourrions les imiter dans ce domaine pour une meilleure efficacité.

Les Saxons - Ce sont les ancêtres des Allemands. En effet, la Saxe est une zone géographique célèbre en Allemagne, située entre l’Elbe et le Rhin. Leurs armes les plus communes étaient des lances : une plus légère pour lancer à longue distance, et une plus lourde pour les combats rapprochés. Dans la poésie saxonne, la lance était désignée sous le nom de "æsc". L'æsc-berend était le "porteur de lance", terme donné au combattant saxon. Contrairement aux représentations hollywoodiennes, ces combattants n’avaient pas tous des cottes de mailles, mais plutôt de grosses armures faites de cuir gaufré et de peaux, des casques en fer, et des plaques de corne avec des protège-nez. Les Saxons se rassemblaient autour des chefs de guerre et des rois, donnant leur loyauté en échange d'une partie des armes, de l'argent et du bétail récupérés lors des conquêtes.

Les Vikings - Le terme vient de "vikingr", un ancien mot norvégien qui signifie "le pirate qui fréquente les baies". Les pays scandinaves tels que la Norvège, la Suède, la Finlande, l'Islande et le Danemark étaient à l'origine de ces guerriers. Ils comptaient sur leurs raids grâce à des navires étroits, robustes et rapides. Ces hommes du nord ont interagi avec les Romains par le commerce, et parfois des visites mutuelles. Ce n'est qu'après la chute de l'Empire que les hommes du nord endossèrent le manteau "viking" et commencèrent leurs raids à travers l'Europe, pour les mener pendant plusieurs siècles.

Les Jomsvikings ou Vikings de Jómsborg étaient une troupe légendaire de mercenaires aux IXe et Xe siècles, voués à l’adoration de déités telles que Odin et Thor. Ils étaient païens, mais acceptaient tout engagement au combat par un seigneur qui leur promettrait une solde suffisante, fût-il chrétien. L'élite de leurs guerriers s'entraînait sans cesse avant les saisons de raids et vivait pour la bataille. Ces Jomsvikings étaient soutenus par les communautés près desquelles ils habitaient dans des complexes privés. Ils n'avaient pas de femmes durant tout le temps de leur service et se concentraient sur le combat au corps à corps en vue des raids.

Les Britanniques - Les peuples des îles britanniques ont été conquis et occupés pendant plusieurs siècles par les Romains, mais cette domination a fini par se désintégrer lorsque les légions sont parties en 406, laissant tous leurs forts, édifices et infrastructures intacts. Les Britanniques étaient les maîtres dans la conduite des chars, et particulièrement habiles dans le maniement de la lance et du lasso. Souvent, leurs chars fonctionnaient comme une "unité de choc" : ils fonçaient dans les formations d’infanterie serrées pour éclaircir les rangs et créer des espaces dans lesquels leurs propres troupes pourraient s’engouffrer.

Les Huns - Ancêtres des habitants modernes de Hongrie, des steppes et des plaines d'Asie occidentale et centrale, les Huns étaient les cavaliers accomplis de leur époque. Ils montaient, mangeaient, dormaient et vivaient sur le dos de leurs chevaux. Ils étaient d’excellents archers et lanciers, et leur férocité était telle qu’ils firent s'exiler des nations entières de tribus germaniques dans la région connue maintenant sous le nom de mer Noire. Ces Huns avaient l'habitude de tuer à peu près tout ceux qui ne se soumettaient pas, ainsi que beaucoup de ceux qui le faisaient. Ils pouvaient parcourir de grandes distances et semblaient sortir de nulle part, luttant avec vigueur et endurance. Il a fallu les efforts combinés des Romains et des Wisigoths pour les empêcher de conquérir toute l'Europe.

Que pouvons-nous apprendre de tous ces glorieux combattants qui pourrait éventuellement nous servir dans notre propre combat survivaliste ?

• Il vaut mieux être légèrement armé et parfaitement compétent dans l'utilisation de ses armes que d'être encombré par un tas d'équipements qui pourraient juste nous ralentir [les Saxons].
• Un raid éclair exécuté à la perfection choquera, démoralisera et vaincra un adversaire qui n'y est pas préparé [Vikings].
• Entraînez-vous sans cesse et au maximum de vos compétences [Vikings].
• Les véhicules ont un avantage distinct par rapport à l'infanterie s'ils sont employés correctement [Britanniques].
• Trouvez un bon leader dont les objectifs illustrent ceux du groupe ; un leader doté de capacités, d'humilité et d'humanité, qui n'aura pas peur de donner l'exemple [Saxons, Vikings].
• La vitesse et le timing dans un engagement seront très difficiles à contrer par votre ennemi si vous les maîtrisez, et si vous savez les utiliser de manière imprévisible [Huns].
• La violence de l'action dans un combat l'emporte souvent, c'est-à-dire un engagement à 100 % mené avec vigueur. [Vikings, Huns]

Bien qu'apparemment désorganisés, ces peuples avaient une structure propre à leur société. Leurs différentes cultures ont beaucoup contribué à la mentalité et à la composition du monde actuel. Ils ont supplanté l'Empire romain par leur vigueur et leur ténacité. Les combattants que nous serons un jour peuvent apprendre beaucoup à travers leur sérieux, leur attitude austère, et leurs manières taciturnes.

Il y a de fortes chances pour que de telles qualités vous aient été transmises, à vous leurs descendants qui ne les connaîtrez peut-être jamais à moins de les étudier. Ils ont beaucoup à nous apprendre, pour peu que nous prêtions attention à ce qu’ils ont fait et à certains aspects de leur vie. Alors, haut les cornes à boire et faites un pas en arrière dans le temps pour étudier leur histoire ; celle de votre propre famille, dans de nombreux cas. Puis traduisez-là en outils pour demain, car ce sera bientôt notre histoire…

En tant qu'homme célibataire ou membre d'une famille ou d'un groupe, il est probable que vous aurez à vous battre une fois que les lumières se seront éteintes. Vous ne pourrez pas l'éviter et vous enterrer jusqu'à ce que la cavalerie déboule, parce que ça se passera tout près de chez vous, et qu'il n'y aura plus de cavalerie pour venir à votre secours.

Les tactiques de "Frappe et Fuite" (Hit and Run) qu'illustrent les opérations de guérilla correspondent bien à celles de Quintus Fabius Maximus, homme politique et militaire romain, lors de la première Guerre Punique entre Rome et Carthage : "Frappez une force numérique supérieure à l'endroit et au moment de votre choix, puis rompez le contact. Retournez dans la forêt, cachez-vous, et restez loin des combats avant le prochain engagement que vous aurez aussi choisi".

Leçons de l'armée romaine pour les opérations post-chaos

Vous déterminez l'ennemi, vous paramétrez, et vous frappez ! Faisons les choses pour lesquelles les Romains étaient célèbres, en utilisant leurs techniques ici et maintenant :

Choisissez le terrain - Vous choisissez l'endroit où vous allez engager l'ennemi. Parallèlement à cela, vous choisissez l'heure de la journée, la formation de l'attaque, l'objectif et les critères pour le retrait. C'est VOUS qui choisissez. En tant qu'individu seul, vous seriez sniper. En tant que groupe (selon votre nombre et votre composition), vous pourriez effectuer des opérations adaptées à votre taille. Choisir le terrain signifie aussi reconnaître activement l'ennemi et ne pas lui permettre de le choisir pour vous et de vous surprendre.

Préparez le terrain - Les Romains étaient passés maîtres dans cet art. Ils parcouraient la région à la recherche d’informations, et savaient où se trouvaient leurs ennemis, les actions que ces derniers avaient planifiées, et les voies d’approche. Ils coupaient du bois et créaient des obstacles au moyen de rondins entrelacés et de "barbelés" naturels sous forme d'épines et de chardons, ainsi que des piques et piquets pour diminuer la cavalerie ennemie. Bien avant que William Wallace de "Braveheart" n’y ait jamais pensé, les légions romaines dispersaient des bottes de foin enduites de poix et d'huile là où les fantassins ennemis se déplaceraient, et lançaient des flèches enflammées au bon moment. Ils ont toujours pris les hauteurs lorsque c'était possible, et ont profité des caractéristiques naturelles du terrain (falaises, rivières, etc.) pour créer des limites qui les aideraient à canaliser les rangs ennemis.

Combattez toujours avec le soleil dans le dos - Les Romains se positionnaient et attaquaient de manière à toujours diriger le soleil dans les yeux de leurs ennemis. Je sais, je sais : l'ennemi a des "Ray-Bans", non ? Non, et cela a aussi marché contre le Vietcong. Un ennemi qui a le soleil en face est gravement désavantagé. Utilisez le soleil. Utilisez le terrain. Vivez au rythme de la terre et restez en vie !

Maîtrisez l'information - les "Speculatores" étaient des agents opérant en profondeur ; les forces spéciales et guerriers de reconnaissance de l’Empire romain. Vous avez besoin dans votre unité de combattants capables de pénétrer en profondeur les défenses de l'ennemi. Que ce soit en leur présence ou en les observant depuis un point proche, ou en opérant sur leur propre terrain à leur insu. Vous avez besoin d'une ou deux personnes capables de faire ce travail, et vous fournir les informations nécessaires pour prendre vos décisions.

Concluez des alliances - "L'ennemi de mon ennemi est mon ami"... Pas toujours, mais vous pouvez utiliser ces failles à votre avantage avec d'autres groupes avec lesquels votre ennemi est en désaccord. C'est ici que la diplomatie, le travail d'équipe et la perspicacité/le sens politique entrent en jeu. Ces compétences "sans combat" sont tout aussi importantes pour fixer votre ennemi que n'importe quelle autre mission que vous pourriez entreprendre pour le vaincre. Soyez habile à faire des alliances, et ne les faites pas uniquement dans un souci de socialisation.

Abreuvez de désinformation - Oui, les Romains étaient très habiles pour envoyer de faux messages ou distiller de fausses informations. Cela concernait leurs forces, leurs mouvements, leurs approvisionnements et leurs renforts. Sun Tzu n'a pas été le seul à savoir comment monopoliser la désinformation, pas plus qu'il n'a été le premier à l'utiliser.

Attirez et empalez - L'Armée romaine disposait différentes choses devant des ennemis qui s'approchaient afin de les retarder et de les distraire, les rendant mûrs pour une attaque ou une embuscade. Vous pourriez agir de même avec votre ennemi et décimer ses rangs. Question rapide : combien d’entre vous ont des rations halal ou des boites de loukoums dans leurs stocks ? Parce que vous pourriez peut-être les utiliser pour attirer un genre particulier de personnes et les piéger, ou placer des tireurs en position de surveillance. Parce que vous aurez peut-être besoin de prisonniers, et quelle meilleure façon de les attirer qu'avec un carton contenant leurs mets de prédilection qu'ils penseraient être sûrs ?

La violence de l'action dans le contrôle - les Romains n'ont pas gagné la maîtrise de toute l'Europe et de la majeure partie du Moyen-Orient en organisant des parades et des cérémonies. C'était des tueurs entraînés et qualifiés qui avaient compris que ce qui rendrait l'Empire possible était la discipline et l'agressivité de chacun des légionnaires.

Une chaîne de commandement parfaite - Les forces armées modernes ont toutes une chaîne de commandement et un ordre de succession pour que quelqu'un puisse combler le poste vacant à tous les niveaux lorsqu'un chef "rejoint sa concession", pour ainsi dire. Vous devez permettre à chaque membre de votre équipe de prendre la place de son leader si nécessaire et de continuer la mission.

La discipline - A l'époque aussi, elle était la force des armées. La discipline englobe tous les domaines. Un combattant de guérilla, qu’il s’agisse de se battre contre des maraudeurs post-chaos d’une ville voisine, un gouvernement tyrannique et oppressif, ou un envahisseur étranger, se DOIT d'être discipliné. La résistance physique, le respect des procédures opérationnelles standard, une tête froide et des nerfs d'acier, l'endurance, et la capacité de maintenir tout cela pendant des années... Autant de choses sur lesquelles les Romains se sont concentrés et qu'ils ont transmises à leurs légions durant des siècles.

En conclusion, les tactiques des petites unités sont plus qu’une simple question de supériorité par les armes ou par le nombre. Elles sont basées sur le bon sens et le fait de savoir comment élaborer ses objectifs et déterminer un plan d'attaque. Vous allez être le "David" contre le Goliath et, loin de fuir la bataille, devrez choisir le lieu et le moment de votre engagement, ainsi que les conditions et les normes que vous définirez pour atteindre vos objectifs. Une telle planification n'est pas une garantie absolue de succès, mais elle vous donnera l'assurance de réaliser le meilleur de vous-même au cours de la bataille. Cela peut faire la différence entre le succès et l'échec, la vie ou la mort.

Dans cet ordre d'idées, je vous encourage vivement à étudier plus en détail les techniques de l'armée romaine et la guerre dans les temps anciens. La connaissance est là : cherchez-la et bâtissez votre avenir plutôt que de simplement lui permettre de vous arriver. Voilà tout le sens à donner à l'histoire léguée par nos ancêtres...