Leçons d'un désastre

J'ai trouvé sur le Net le compte-rendu d'un professionnel qui avait fait partie des équipes de secours déployées lors de l'ouragan Katrina à la Nouvelle-Orléans. Il s'agit en l’occurrence d'une femme toubib qui est intervenue juste après le désastre.

Ses remarques tirées de son expérience sur le terrain sont particulièrement intéressantes d'un point de vue survivaliste.

Elles donnent une idée de ce qui peut se passer lors de catastrophes naturelles, et des comportements parfois surprenants que peuvent adopter des personnes ordinaires prises dans la tourmente...



L'ouragan Katrina qui a frappé les Etats-Unis en 2005 a plongé la Nouvelle-Orléans et ses alentours dans un désordre total. A ce titre, il a notamment permis de pointer certaines réalités dont les survivalistes peuvent tirer des leçons.

Une femme docteur avait été appelé tôt en réponse à la catastrophe et a passé plusieurs semaines à travailler dans les zones les plus touchées. Cet article est un résumé de ses principales constatations. Rien de transcendant pour nous survivalistes, mais quelques remarques pertinentes qui me paraissent dignes d'être partagées.

Beaucoup sont morts parce qu'ils ne voulaient pas abandonner leurs animaux domestiques

Un nombre surprenant de victimes de l'ouragan Katrina ont été retrouvées dans leur grenier. Leur habitation se trouvait au-dessous du niveau de la mer, pourtant, ces personnes n'ont pas voulu évacuer car elles savaient que les bus et les centres d'évacuation ne les laisseraient pas amener leurs animaux de compagnie.

Pour cette seule raison, elles sont restées jusqu'à ce que les digues se brisent, ont rejoint le point le plus élevé de leur maison (le grenier), puis se sont tout simplement noyées lorsque l'eau a atteint ce niveau. Le comble, c'est que la plupart des animaux domestiques n'étaient même pas avec leurs propriétaires !

Ce triste constat, aussi surprenant qu'il puisse paraître, montre qu'il existe des gens qui préféreront littéralement risquer la mort plutôt que d'abandonner leur animal. Avouez que c'est une cause de décès à laquelle on ne penserait pas forcément. En ce qui me concerne, j'imagine mal y succomber, mais il est vrai aussi que je ne possède pas de toutou ni de minou particulièrement craquant susceptible de me faire verser dans le sentimentalisme. J'aime à croire que même si c'était le cas, je ne laisserais pas un animal me faire perdre tout bon sens.

Pourtant, ce risque est particulièrement réel, puisqu'il a été pris en compte depuis par les autorités. Les organisations de secours intègrent désormais des procédures d'urgence pour aider les personnes ayant des animaux à évacuer en toute sécurité.

Je connais des gens qui vouent un véritable culte à leur animal domestique, à même de leur faire perdre toute raison ; des personnes extrêmement pragmatiques et sensées par ailleurs. Faites-vous partie de celles-là ? Si oui, avez-vous réfléchi à la possibilité de devoir abandonner votre animal en cas de péril extrême, et seriez-vous prêt à le faire ? La réponse vous appartient...

Ne pas croire que l'on est à l’abri des catastrophes

Les membres de l'équipe du docteur avait besoin de traverser les zones sinistrées pour se rendre à leur poste. D'autres se sont moquées en les voyant emporter une caisse de bouteilles d'eau et des rations. Pour elles, c'était les victimes qui avaient besoin de telles choses, pas les intervenants médicaux ! En attendant, l'équipe du docteur s'est retrouvée plusieurs fois à devoir manger la nourriture et boire l'eau qu'elle avait emportées, car l'état des routes ne lui avait pas permis de retourner à la base.

C’est un danger auquel je soupçonne les survivalistes d'être exposés, sous prétexte qu'ils se croient préparés pour toutes les catastrophes, ou simplement mieux préparés que le commun des mortels. Mais c'est sans compter le fait que certains problèmes ne pourront pas être résolus par les armes, les stocks, ni même les compétences.

La pensée de groupe est un désastre en soi

La plupart des gens normaux ont tendance à avoir des jugements normaux. Cependant, il existe deux raisons au-delà de toute autre pour lesquelles les personnes prises dans la tourmente pensaient que le péril n'était pas suffisamment important pour justifier une évacuation. Deux raisons particulières signalées au docteur et qui méritent d'être notées.

L'une d'entre elles trouvait son origine dans le comportement de l'entourage. Ainsi, certaines personnes sont restées au lieu d'évacuer juste parce que leurs voisins avaient choisi de rester, même si elles avaient une vue directe sur la digue et pu se rendre compte par elles-mêmes que ce n’était pas l'endroit le plus sûr de la ville où se trouver à ce moment-là. Ces personnes se seraient épargnées de sérieux problèmes si elles avaient juste écouté leur bon sens.

L'autre raison que le docteur a évoqué est celle que l'on pourrait nommer "l’effet testostérone". Dans les groupes exclusivement masculins, aucun ne voulait passer pour la voix de la raison. Je soupçonne que les membres de ces groupes avaient moins peur du désastre lui-même que de l'idée de paraître effrayé aux yeux des autres. Ainsi, dans sa propre équipe de secours, la doctoresse a fini par être la seule femme à avoir pris la peine d'apporter des réserves, ou à suggérer qu'il serait peut-être sage de vérifier le pneu qui avait été crevé en début de journée.

Cette réaction typique de l'orgueil masculin est intéressante, et, bien que particulièrement stupide, elle est tout à fait réelle. Personnellement, je suis sûr qu'elle entraînera de nombreuses prises de risques inutiles lors des épreuves à venir, et des pertes conséquentes.

Les catastrophes entraînent les pires comportements humains

Beaucoup pourraient considérer l’aspect "far west" ou "Mad Max" de l’anarchie comme étant exagéré dans les pensées et la littérature survivalistes. Néanmoins, le docteur a reporté de nombreuses agressions, et fut elle-même menacée de violences à plusieurs reprises. Ce n’était pas le cas uniquement dans les zones encore très mal en point où les gens étaient dans le besoin. Cela s'est aussi passé dans les zones à l'arrière qui avaient subi des perturbations, et qui n'avaient pas été dévastées ni inondées.

On a même tiré sur elle sans raison apparente. Le gosse (car c’était un gosse) n’essayait pas de la voler ni de l'agresser sexuellement ; apparemment, il voulait juste instiller la peur. Il faut une bonne dose de rupture de normalité pour que cela se produise dans une rue dégagée, avec son équipe de sécurité à moins de quinze mètres de distance, et à la vue de tous. Parce qu'en fait, pour ceux qui ne le sauraient pas, la situation était tellement grave que les équipes médicales avaient dû louer les services de gardes du corps privés de chez Blackwater pour les accompagner et les protéger dans leurs interventions !

Remarquez que cela arrive aussi chez nous, en temps ordinaire et sans qu'il soit besoin de catastrophe, lorsque la police doit accompagner les pompiers pour intervenir dans les zones de non droit. A se demander pourquoi on ne laisse pas cramer systématiquement tous ces abrutis...

Les recommandations du Docteur

Comme on pouvait s'y attendre, les services de secours ont reçu une avalanche de dons suite aux inondations de la Nouvelle-Orléans. Cependant, il a fallu un certain temps pour que ceux-ci soient distribués. De tout ce qu'elle a pu voir et vivre sur le terrain, voici donc les recommandations formelles de la doctoresse en prévision d'un désastre régional :

• Deux semaines de ravitaillement,
• Quelques armes à feu pour faire face à l'augmentation de la criminalité.

Nous avons énoncé de telles recommandations à maintes reprises sur ce blog, et les faits montrent une fois de plus qu'elles correspondent à la réalité.

Quelques petites choses auxquelles on pourrait ne pas songer

En matière de préparation aux catastrophes, il y a certaines choses auxquelles on ne penserait pas forcément, mais qui se révèlent tout à fait déterminantes le moment venu. Voici quelques-unes d'entre elles que nous conseille le docteur :

• Des laxatifs. Le stress rend les gens constipés (!).
• Des enzymes digestives. Sérieusement. Ceux qui avaient fait des stocks de "haricots/riz" se sont rapidement retrouvés avec des problèmes de gaz et de flatulences pendant les trois premières semaines.
• Des moyens de contrôle des naissances. Le danger et la conscience de la mort attisent les pulsions sexuelles.

Conseil bonus

Dans ses recommandations, la doctoresse en mentionne une qui n'est pas issue de ses expériences lors de l'ouragan Katrina. Elle est basée sur un incendie qui a eu lieu quand elle vivait dans un immeuble élevé. Celui-ci a pris feu, et les étages supérieurs se sont rapidement remplis de fumée. La doctoresse a été parmi les dernières personnes à s'échapper, mais d'autres n'y sont pas parvenues.

D'après ses propres dires, la première des raisons pour lesquelles elle a survécu est qu'elle connaissait très bien les issues de secours, car elle les utilisait régulièrement pour faire des exercices chronométrés. Cette connaissance s'est révélée particulièrement importante lorsque la fumée s'est mise à s'épaissir, et que le courant a été coupé.

Si elle devait vivre à nouveau dans un tel endroit, elle prévoirait d'office une réserve d’air autonome. L'idéal est une bouteille comme celle utilisée par les plongeurs. Même si une telle réserve peut paraître dérisoire lorsqu'on est en profondeur (du fait de sa très faible contenance), elle peut être utile en surface, et possède son propre régulateur. Un masque hermétique (comme un masque de plongée) pour voir à travers la fumée sans être affecté serait un bon complément.

https://www.amazon.fr/XIAYJ-Bouteille-Aluminium-Snorkeling-%C3%è/dp/B07R21V486

Ou cet autre modèle sans la valise pour un coût moindre, qui devrait délivrer assez d'air pour une soixantaine de respirations. Notez qu'il se recharge à partir d'une bouteille de plongée.

Ou encore ce modèle jetable, à un prix ridiculement bas. 120 gr seulement, 95 % d'oxygène pur, donné pour une centaine de respirations ? Personnellement j'en doute, mais à essayer dans tous les cas. A 8 euros pièce, on ne risque pas grand chose !. Si le système fonctionne comme il est annoncé, alors vous aurez votre propre ARI pour un coût dérisoire (il suffira d'ajouter des lunettes de plongée). Idéal pour un sac d'évacuation, ou un EDC urbain post-chaos.

Ces dispositifs ont été évoqués dans un article récent sur les masques à gaz (voir les ARI de secours). Si vous vivez en immeuble, il pourrait être judicieux de prévoir un tel équipement dans vos préparatifs. Et si vous voulez quelque chose de plus costaud que les modèles en liens, sans pour autant payer le prix très élevé d'un véritable Appareil Respiratoire Isolant, vous pourrez toujours chiner sur Le bon coin pour y chercher une bouteille ou réserve de plongée d'occasion...