Survivre à la guerre civile - Part 2

Nous continuons l'étude des principaux facteurs à considérer dans un scénario de guerre civile.

Le premier concernait les différents acteurs possibles de ce scénario, tels que les soldats ou forces de l'ordre, les  irréguliers, les criminels, et les civils.

On pourrait en rajouter d'autres, notamment des milices religieuses qui se constitueraient pour l'occasion (suivez mon regard). A moins de les considérer comme une véritable force d'invasion étrangère (ce qu'elles sont en réalité), ce qui nous plongerait dans un scénario hybride qui mêlerait guerre civile et guerre conventionnelle...

Rester sur place ou fuir ?

Il n'y a pas vraiment de réponse correcte : votre choix pourrait changer en fonction de la situation, ou lié à des facteurs purement personnels.

Evacuer ? Fuir pourrait être votre seule option pour échapper à une mort certaine, mais ce choix sera presque toujours incertain et périlleux.

Rester en place ? Rester là où vous êtes peut être effrayant, voire dangereux, mais parfois cela en vaut la peine ; vous connaîtrez votre environnement, les gens qui vous entourent habituellement, ainsi que la situation générale.

S'enterrer dans un bunker ? Une pièce forte entièrement équipée et dissimulée est souvent considérée comme l'ultime retraite survivaliste pour ce type de scénario, mais elle est loin d'être infaillible. Votre cachette pourrait devenir votre tombeau (notamment si elle ne possède qu'une seule entrée/sortie).

Où aller ? Tous les endroits ne se valent pas lorsqu'il s'agit de se cacher ou de prendre position. Vous devez savoir à quoi vous attendre avant que ce moment n'arrive.

La plupart des survivalistes se posent une seule question lorsqu'ils envisagent de réagir à une situation prolongée susceptible de mettre leur vie en péril : faut-il rester ou partir ? Courir, ou s'asseoir et se mettre à l'abri ?

La réponse la plus instinctive et apparemment la plus évidente face au danger d'une guerre civile est de s'éloigner du conflit aussi vite et aussi tôt que possible. Un tel raisonnement est tout à fait valable, mais ce n'est pas toujours possible ni même conseillé selon la situation à laquelle on est confronté.

Le fait est que vous risquez de ne pas avoir le choix ! Vous pourriez être contraint de vous abriter sur place pour survivre à un bombardement, une occupation, ou à un certain nombre d'autres dangers jusqu'à ce que vous ayez à la fois le temps et la possibilité de vous échapper avec un minimum de sécurité.

Au moment où cela se produit, les routes pourraient être encombrées de débris, bouchées par d'autres réfugiés en fuite, ou activement contrôlées par des belligérants d'un côté ou de l'autre.

Il est sans doute est inutile de vous dire que chacun de ces facteurs vous ralentira, voire stoppera votre progression de manière drastique, et qu'ils présentent également des dangers intrinsèques importants.

Si vous décidez de rester sur place, vous pourriez avoir le choix du lieu où vous déciderez de vous réfugier ou non. Vous pourriez être averti à l'avance d'une menace ou d'une bataille en cours, ou votre premier signal pourrait être une explosion ou une fusillade massive. Rester là où l'on connaît des gens - et où ils nous connaissent - est toujours un avantage.

Parfois, vous devrez jouer le jeu que la vie vous a distribué, en espérant que tout ira bien. L'endroit où vous vivez ou résidez actuellement est également un facteur à prendre en compte dans le calcul. Si vous habitez une ville rurale ayant peu ou pas d'importance stratégique, il vaut peut-être mieux que vous restiez sur place. Si vous vivez dans le centre d'une grande ville infestée de barbus susceptibles de se regrouper en milices religieuses dès le début des réjouissances, vous pourriez effectivement prévoir de partir aux premiers signes, pendant que les choses vont encore bien.

Mais même dans ce cas, il vaut mieux que vous soyez préparé. Vous devez avoir une idée de l'endroit où vous allez, et de ce à quoi vous pouvez vous attendre une fois sur place. Serez-vous même capable de trouver un endroit fiable où vous poser, ou devrez-vous le chercher une fois sur la route ?

Rappelez-vous que vous serez un réfugié au sens le plus littéral du terme, et qu'en temps de guerre vous ne serez jamais le bienvenu, quel que soit l'endroit où vous pourriez atterrir. Vous ne représenterez, la plupart d'une temps, qu'une ponction potentielle sur des ressources déjà dangereusement épuisées pour les habitants d'une région donnée.

De plus, le simple fait d'être sur la route va être dangereux en soi. Vous serez exposé et vulnérable ; vous risquez d'être dépassé par des groupes (d'un bord ou de l'autre), des milices, des bandits de grand chemin et d'autres individus qui tenteront de vous voler ou vous tueront.

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Un bunker est-il une bonne idée ?

• Un bunker peut sauver la vie si l'on a tout perdu.
• Il peut permettre de traverser une guerre dans le secret et en toute sécurité.
• Toute découverte de bunker par des personnes non affiliées ne peut que garantir sa destruction et son évacuation.
• Tous les participants à une guerre civile ainsi que les personnes se trouvant dans une zone de conflit n'auront qu'une idée en tête : faire un raid sur la réserve de provisions et d'équipement que représente un bunker.

Le rêve de tout bon survivaliste est d'avoir un abri à lui tout seul, situé dans un endroit caché, isolé, complètement autonome et rempli de toutes les nécessités imaginables dont on pourrait avoir besoin pour traverser une sale guerre.

Qui ne voudrait pas d'un tel endroit dans un tel scénario ? Cette idée est indéniablement séduisante, et les bunkers ont certainement des mérites dans de nombreuses situations, mais vous seriez fou de mettre tous vos œufs dans ce panier en particulier en cas de guerre civile.

Voilà ce qu'il en est, en long et en court : un bunker pourrait être en effet votre voie de salut lors d'une guerre civile, surtout s'il est resté caché, bien garni et entretenu lorsque vous vous trouvez à court de ressources ou que vous avez déjà tout perdu, y compris votre maison. Pouvoir accéder à une cache dédiée amplement approvisionnée serait certes une bénédiction dans une telle hypothèse.

Cela dit, les bunkers présentent un inconvénient majeur auquel on ne pense pas toujours : vous serez pratiquement obligé d'y rester pendant toute la durée des opérations. Cela implique donc une préparation logistique sans faille, mais aussi, et surtout, une énorme pression psychologique que bien peu de gens, y compris parmi ceux qui me lisent ici, seraient capable de supporter.

En effet, chaque fois que vous entrerez ou sortirez du bunker, vous augmenterez vos chances d'être repéré, et si quelqu'un vous suit à distance, vous risquez de le mener tout droit à votre havre de paix. 

En fait, vos problèmes de sécurité opérationnelle commenceront avant même que vous preniez le chemin vers votre bunker en temps de guerre ; celui qui aura construit cet abri, et/ou toute personne qui en connaît l'existence ou le but probable constitue une fuite potentielle qui peut voir votre précieuse préparation saccagée ou réquisitionnée.

Même si vous êtes le seul à le construire, quelqu'un pourrait avoir de la chance et y tomber dessus par hasard, ou faire le rapprochement s'il vous connaît et comprend ce que vous faites. Dans ce cas, vous pouvez être sûr qu'il tracera un gros cercle au stylo rouge sur sa carte personnelle...

Il est facile de comprendre pourquoi. Tout bunker de survie construit et aménagé par un survivaliste sera toujours plein de " friandises " et constituera de ce fait une boîte à butin géante, façon Kinder surprise. Cela en fera un véritable prix pour tous les groupes de malfaisants énoncés précédemment, qu'il s'agisse de soldats professionnels, d'irréguliers ou de criminels.

En principe, votre bunker devrait éviter de retenir l'attention et de vous faire remarquer depuis le premier jour où vous commencerez à le construire, jusqu'à celui où vous n'en aurez plus besoin.

Sachez qu'à partir du moment où il sera mis à jour, ne serait-ce que par une seule personne qui s'avisera d'en parler ou de mener sa propre enquête, le compte à rebours sera déclenché et vous devrez l'abandonner, sous peine de mort ou de capture.

Où habiter ?

• Les villes sont souvent des champs de bataille très disputés, regorgeant de cibles stratégiques, mais elles peuvent aussi donner plus de flexibilité pour se déplacer sans être détecté.
• Les zones rurales et sauvages offrent de meilleures chances de se cacher, mais rendent aussi plus vulnérable en raison du manque de ressources humaines et, plus spécifiquement, de personnes susceptibles d'apporter une aide en cas de besoin.
• Vous devrez peut-être vous adapter à la volée pour faire face à l'évolution des conditions.
• Le plus important, à mon sens, sera d'intégrer un groupe suffisamment important pour assurer une défense mutuelle, et de rester à l'écart des zones contestées.

Décider de fuir ou de rester sur place pour survivre à un conflit est un choix crucial dans un plan de survie. Certaines personnes pensent qu'il faut rester dans un village, d'autres, en périphérie d'une ville, ou dans une ville plus grande. D'autres encore ne considèreraient qu'une zone rurale, voire même un endroit complètement isolé dépourvu de toute présence humaine.

Il y a de bonnes raisons pour privilégier chacune de ces différentes alternatives, et vous risquez en effet de devoir toutes les envisager avant que les derniers coups de feu ne soient tirés. Etudions les raisons.

Les villes sont un choix évident pour certaines personnes, étant donné qu'elles y ont vécu, travaillé ou grandi. Les villes ne manquent pas d'endroits où se cacher et se réfugier en cas de coups de feu.

Elles comptent également de nombreuses rues, ruelles, voies, égouts et tunnels qui constituent autant de routes cachées très pratiques pour se déplacer, à l'abri des regards indiscrets lorsque la situation est critique.

Le problème est que les villes sont pleines de gens et d'autres cibles stratégiquement importantes, et qu'elles sont constamment la cible d'invasions par les troupes armées, les bombardements aériens, et les pilonnages des véhicules blindés à chenilles.

Bon nombre des systèmes d'armes modernes les plus destructeurs et les plus dangereux seront déployés de manière extensive dans les villes et aux alentours pour soutenir les combats généralement intenses qui s'y déroulent.

Quand on pense à la survie en ces termes, les territoires ruraux et éloignés pourraient apparaître comme un meilleur choix. Pourtant, ce n'est pas toujours le cas !

Il existe de nombreux exemples de personnes isolées, ou de petits groupes, vivant dans des endroits peu habités, qui sont victimes de criminels, de milices punitives ou autres individus qui ne cherchent qu'à faire le mal. C'est un fait que nous avons souvent évoqué dans nos pages, et qui s'est vérifié dans l'histoire moderne, que ce soit en Argentine ou en Bosnie.

Loin du soutien et de la protection mutuelle qu'apportent un certain nombre de personnes qui se regroupent, ceux qui vivent en marge et à la périphérie des agglomérations souffrent souvent de manière indescriptible lors de conflits civils.

Si vous habitez dans un village, un hameau, ou une sorte de complexe fortifié avec plusieurs familles qui tentent de survivre ensemble et d'assurer leur défense mutuelle, cela ne se passera probablement pas bien si vous êtes confronté à de véritables soldats professionnels ou à des irréguliers endurcis par la guerre.

La plupart des gens verront probablement leurs meilleures chances de survie et la meilleure façon d'éviter toute issue malheureuse en vivant dans une ville moyenne, voire plus grande. L'idéal pourrait être de parvenir à en trouver une qui possèderait le moins d'installations importantes possible - gares de triage, aéroports, centres industriels, centres logistiques, grands carrefours, etc.

Dans tous les cas, vous ne devez jamais oublier que les principales menaces auxquelles vous serez confronté lors d'un conflit civil ne seront pas les balles et les bombes ; la principale menace, ce seront les gens, en plus des vôtres !

La meilleure façon de contrer une menace humaine est de faire appel à ses propres hommes, ou plus succinctement, à un groupe qui s'investit dans sa défense mutuelle et sa survie propres.

Si vous tenter de passer l'orage avec seulement votre famille, votre partenaire, ou une petite équipe, vous pourriez avoir du succès pendant un certain temps. Mais si vous êtes découvert, contraint de vous battre et que vous devez mener une véritable défense, vous auriez intérêt à disposer de main-d'œuvre qui fera réfléchir vos ennemis à deux fois.

En fin de compte, vous devrez faire un choix et en assumer les conséquences lorsqu'il s'agira de savoir où vivre pour surmonter une guerre civile.

Nous étudierons la prochaine fois d'autres points parmi ceux évoqués dans la première partie de cette étude. On peut déjà voir, à travers ceux qui ont développés jusqu'à présent, que la thématique de la survie en temps de guerre, civile ou autre, est vaste et complexe. 

Quelques éléments nouveaux, que je laisse à votre réflexion jusqu'à la prochaine partie...