Survivre à la guerre civile - Part 3

Troisième partie de notre grand dossier consacré aux affres de la guerre civile, et aux nombreuses questions qu'une telle éventualité pose au survivaliste en termes de préparation.

Dans cet article, nous étudierons la problématique du groupe, les déplacements, ainsi que la protection personnelle.

Trois aspects particulièrement importants, auxquels nous tenterons d'apporter quelques éléments de réponse pertinents...

Un groupe pour survivre

• Se serrer les coudes : même les petits groupes ont des avantages considérables par rapport à ceux qui sont seuls en temps de guerre. Les groupes ont la main d'œuvre nécessaire pour aider au travail, assurer la garde, et contribuer au combat si les choses se gâtent.
• Rassemblez vos gens : votre groupe peut être implicite, comme votre famille, ou électif, comme un réseau d'assistance mutuelle ou une coalition.
• Les réserves sont importantes : plus de gens signifie plus de bouches à nourrir. Vous devrez surveiller attentivement votre situation en matière d'approvisionnement si vous voulez que votre groupe puisse traverser les épreuves et tenir jusqu'au bout.

Les guerres, y compris celles civiles, sont menées par des groupes de personnes, littéralement des armées. Un être humain isolé fera rarement la différence d'une manière ou d'une autre, car ce sont des unités, des foules, des rassemblements de gens qui font avancer les choses, que ce soit à titre officiel ou non. 

Cela signifie que vous serez rarement équipé, voire jamais, pour faire face aux menaces d'une guerre civile en tant qu'individu seul. Votre survie dépendra probablement des personnes sur lesquelles vous pourrez compter parmi votre entourage.

Vous aurez de nombreuses occasions de faire appel à d'autres pour vous aider pendant la durée de la guerre : vous aurez besoin de gens pour vous aider à faire votre travail, qu'il s'agisse de reconnaissance, de construction, de rassemblement ou de combat ; vous aurez besoin de gens pour veiller pendant que les autres dorment ou travaillent. Il est également bon d'avoir des personnes qui peuvent aider lorsque vous êtes blessé, malade ou en difficulté.

La question est donc de savoir qui vous allez emmener avec vous ? Pour la plupart d'entre nous, les membres de notre groupe seront déjà plus ou moins immergés dans notre vie ; famille, amis et autres associés proches avec lesquels nous avons déjà un haut degré de confiance. Ce sont également les personnes que nous ne laisserions pas tomber, même si elles sont en danger.

C'est le fondement de tout l'intérêt du groupe - le sang et les proches. Même si certaines personnes sont un handicap, ou plutôt une ponction sur les ressources par rapport à ce qu'elles apportent, elles peuvent toujours remplir des fonctions importantes, voire vitales, en fonction de leurs compétences et de leurs capacités.

Un autre idéal en termes de survie lors d'une guerre civile est un groupe d'assistance mutuelle. Un tel groupe est simplement un collectif ou une coalition de personnes partageant les mêmes idées qui ont volontairement décidé de contribuer à la survie et au bien-être collectif de ses membres lorsque les choses deviennent difficiles.

Cette contribution à l'aide mutuelle peut se faire sous forme de fournitures, de compétences ou de main-d'œuvre.  Elle peut même aller jusqu'à mettre en commun tous les biens matériels et le capital humain afin d'établir une enceinte, un village ou une communauté qui leur soit propre, un endroit pour résister au monde.

Peut-être que le plus grand avantage d'un groupe d'assistance mutuelle dans un contexte de guerre civile pourrait venir de sa nature distribuée.

En supposant que ses membres ne vivent pas très près les uns des autres géographiquement mais qu'ils se connaissent et s'investissent pour le bien commun, cela pourrait fournir de multiples refuges, une sorte de "fil d'Ariane" pour les membres qui seraient transformés en réfugiés fuyant des zones dangereuses.

Dans l'idéal, un tel groupe donnera d'une manière ou d'une autre à ses membres déplacés par une guerre civile un point fixe sur leur carte pour s'y rendre, un confort certain en ces temps incertains. 

Le gros avantage de ce type de structure est qu'elle n'impose pas les habituelles contraintes et aléas liés à la constitution d'un groupe au sens ordinaire du terme en temps de paix. En effet, parmi tous ceux qui ont essayé, force est de reconnaître que bien peu ont réussi, pour différentes raisons. 

Le groupe distribué permet de se libérer d'un grand nombre de ces contraintes en maintenant les membres dans leur situation et localisation d'origine, tout en les liant par un accord mutuel verbal ou écrit. Le fait d'avoir quelques amis survivalistes dispersés sur le territoire est une assurance précieuse et peut faire la différence le moment venu ! 

Mais dans tous les cas, qu'il s'agisse de groupe "immergé" ou de groupe "distribué", et en contrepartie de tous les avantages qu'une telle structure peut offrir, vous devez veiller à ce que ses membres soient correctement approvisionnés. Plus de personnes signifie plus de bouches à nourrir, plus d'eau à boire, plus de fournitures pour les soins médicaux et bien plus encore.

Une grosse réserve qui durerait assez longtemps pour une seule personne pourrait s'évaporer en une petite semaine si un groupe plus important devait y puiser.

Ce n'est pas une raison pour éviter de constituer un groupe ou d'en rejoindre un, mais cela signifie que vous devez vous mettre au travail dès maintenant et faire vos estimations avant de commencer à stocker.

Se déplacer en toute sécurité

• Le timing : Bougez si possible lorsque le combat est terminé.
• Jour ou nuit : Certaines zones seront plus sûres à traverser le jour et d'autres la nuit, en fonction des conditions locales et des menaces existantes.
• Méfiez-vous des tireurs d'élite : Dans les villes, même celles où les combats sont peu intenses, les snipers tirent régulièrement sur les personnes qui se déplacent.
• Sortez des sentiers battus : Les chemins et les routes les moins fréquentés sont généralement plus sûrs et plus susceptibles d'être exempts de dangers tels que les barrages routiers, les contrôles, et les pièges (explosifs ou autres).
• La sécurité dans le nombre : Essayez de vous déplacer par groupe de trois à cinq personnes. Si vous êtes moins nombreux, vous risquez d'être immobilisé par un simple accident ou une blessure ; si vous êtes plus nombreux, vous risquez d'être désigné comme cible par les combattants.

Le fait de traverser une zone où se trouvent des groupes de personnes armées aux abois, effrayées, et généralement à l'affût d'individus suspects, va obligatoirement entraîner un certain degré de danger.

De tels déplacement pourraient même être quasi suicidaire, selon les conditions locales. Dans un pays qui connaît une guerre civile, et à moins de se trouver très loin des zones de combat, il faut impérativement réfléchir avant d'exécuter tout mouvement, puis le faire avec beaucoup de prudence.

Le premier péril, chaque fois que vous vous déplacez dans une zone urbaine ou suburbaine qui a connu des combats continus ou qui a récemment vu la cessation des combats, viendra des tireurs d'élite, quel que soit leur camp.

Historiquement, les récents conflits civils au Moyen-Orient et en Europe ont clairement illustré la menace que représentent les tireurs d'élite dans les zones urbaines. Le problème majeur est que vous aurez très, très peu de chances de les détecter avant qu'il ne soit trop tard.

Vous pourriez être abattu pour avoir simplement été au mauvais endroit au mauvais moment, avoir été pris pour un membre d'une autre faction, pour un mauvais regard, ou juste pour le "plaisir".

Si vous allez quelque part, essayez d'y aller au moins en petit groupe. Le fait d'avoir deux à quatre personnes supplémentaires avec vous permettra d'améliorer la sécurité, la conscience de la situation, et l'aide mutuelle si les choses tournent mal ou que quelqu'un est blessé.

Vous pourriez envisager de vous déplacer en groupe plus nombreux, mais sachez que cela augmentera considérablement votre profil et pas seulement votre visibilité. Les soldats professionnels et les irréguliers qui opèrent dans la région sont davantage susceptibles de vous considérer comme un élément hostile.

Comme toujours, les soldats stressés qui portent des armes chargées dans une zone de conflit ont souvent tendance à tirer en premier, et s'inquiéter des conséquences plus tard.

Le moment où l'on se met en mouvement est également d'une importance cruciale. Il est évident que vous ne devez jamais essayer de vous déplacer pendant qu'une bataille ou un combat est en cours. Le risque d'attraper une balle perdue ou un tir ennemi est tout simplement trop élevé, tout comme le fait que vous pourriez être pris pour cible en cas d'erreur d'identité.

Dans certains endroits, se déplacer pendant la journée peut être l'option la plus sûre si la plupart des combats ou des actions ont lieu après le coucher du soleil, et dans d'autres endroits, l'inverse peut être vrai, la nuit étant alors le moment le plus sûr pour se déplacer en raison des tireurs d'élite et autres menaces sporadiques.

N'oubliez pas que les armées modernes et bien équipées disposent souvent de nombreux dispositifs de vision nocturne et de capteurs thermiques qui leur permettent de combattre aussi efficacement la nuit que le jour. Vous ne vous cacherez pas de véritables professionnels en restant dans l'obscurité !

Dans un contexte habituel de "simple" guerre civile, il serait plus judicieux de bouger de nuit, surtout si l'on a prévu dans ses équipements un monoculaire de vision nocturne. Un modèle simple de 1° génération peut suffire à prévenir les dangers éloignés, mais il faudra tout de même un éclairage minimum (par ex. un clair de lune) pour voir où l'on met les pieds et ne pas ameuter le voisinage.

Si vous êtes contraint de vous déplacer à des heures douteuses, essayez de le faire d'une manière qui vous semble aussi peu menaçante que possible, et empruntez les voies les moins fréquentés dont vous disposez. Les itinéraires qui sont rapides, faciles et couramment utilisés sont ceux qui vont être contrôlés, bloqués, voire jonchés de pièges ou d'engins explosifs improvisés.

Vous ne devez pas nécessairement éviter un itinéraire comportant un point de contrôle si vous savez que celui-ci permet le passage d'un trafic régulier bien que ralenti. Mais comprenez qu'il est toujours très probable que votre véhicule puisse être fouillé, vos biens saisis, et que vous soyez éventuellement incarcéré pour diverses raisons, réelles ou inventées.

Rappelez-vous également que les points de contrôle disposent invariablement d'au moins quelques armes lourdes ou véhicules de combat qui ne feraient qu'une bouchée des personnes à pied ou en véhicule.

Se protéger

• C'est une décision difficile : Ne pas s'armer, éviter les mauvaises rencontres et être sans défense ; ou garder ses armes à proximité pour rester en sécurité et s'attirer possiblement les foudres des troupes ou groupes ennemis. C'est un choix qui dépend uniquement des circonstances. Face à des troupes régulières, je choisirais personnellement le "sans arme" ; dans un contexte de guerre civile "pure et dure" (gangs de criminels et autres), je prendrais très certainement le risque de me déplacer armé.
• Soyez discret : Gardez vos armes et vos munitions bien cachées jusqu'à ce qu'elles soient absolument nécessaires. Ne les mettez pas toutes au même endroit !
• Prévoyez plus que le nécessaire : Les armes et les munitions sont toujours précieuses dans les zones de conflit et constituent des produits "haut de gamme" pour d'éventuels échanges. De plus, il est bon d'avoir des pièces de rechange si vous en perdez une,, si vous la cassez ou vous la faites prendre (notamment une dizaine de chargeurs par arme).
• Faites simple : Choisissez des armes qui sont courantes dans votre région, faciles à remplacer ou à réparer, et pour lesquelles vous pourrez toujours trouver des munitions.

Vous serez confronté à un dilemme classique si vous essayez de survivre à une guerre civile. Tout d'abord, il faudrait être inconscient pour renoncer à la possibilité de disposer d'un moyen fiable d'autodéfense, compte tenu de toutes les menaces sur votre intégrité physique auxquelles vous serez confronté pendant la durée de la guerre.

Littéralement, tout le monde et sa petite sœur auront des armes ; vous aurez certainement besoin d'armes vous aussi. Mais aussi sûr que le soleil se couchera à l'ouest, vous pouvez compter sur le fait que tout gouvernement ou autre groupe, légitime ou illégitime, qui se battra pour le contrôle d'une zone donnée interdira les armes à feu entre les mains des civils pendant toute la durée du conflit.

C'est un problème pour des raisons évidentes. Si vous abandonnez les armes, vous vous retrouverez effectivement sans défense au milieu d'un immense bazar. Si vous promenez armé, et que vous vous faites prendre, vous risquez l'emprisonnement ou une exécution sommaire.

Au mieux, vous pourriez être confondu avec un combattant en uniforme ou non. Cela signifie que vous devrez toujours agir avec une extrême prudence lorsque vous vous déplacez armé, et faire tout ce qui est en votre pouvoir pour cacher vos armes et munitions en toute sécurité jusqu'à ce qu'elles soient le plus utiles.

Il est difficile de vous dire comment et où vous devez porter vos armes, si ce n'est que ce doit être à un endroit qui soit vraiment caché tout en restant accessible dans un délai raisonnable.

Je vous donnerai cependant un conseil, en ce sens que tout endroit auquel vous pourriez penser à l'instant où vous me lisez est un endroit qui sera connu des personnes qui les recherchent si cela devait se produire. Autrement dit, essayez mieux...

Quelques autres facteurs à prendre en considération sont le type et la quantité d'armes que vous allez garder à portée de main pour la défense. Il est évident que n'importe quelle arme à feu vaut mieux que pas d'arme du tout si vous en avez besoin, mais vous devez vous efforcer de prévoir des armes qui sont couramment disponibles, même en cas de guerre.

Cela les rendra plus précieuses comme monnaie d'échange éventuelle et, plus important encore, qu'elles soient remplaçables, en tout ou partie, lorsque les choses tournent mal.

Envisagez également de disposer d'un nombre d'armes nettement supérieur à vos besoins : si jamais vous vous les faites prendre ou que vous devez les rendre pour une raison quelconque, vous les perdrez sans doute, mais vous garderez le reste si vous ne les avez pas toutes stockées ensemble. Inutile d'en dire davantage à ce sujet, vous aurez compris...

Conserver et utiliser des armes à feu en tant que civil survivant au milieu d'une zone de conflit active est un acte grave qui ne doit pas être pris à la légère, et vous feriez mieux de réfléchir longuement à vos choix avant, pendant et après si vous voulez garder votre tête sur les épaules...